LA PHASE DE LA COMPOSANTE ANNUELLE DES NIVEAUX DES RIVIERES DE LA PLAINE DE L'EST EUROPEEN par M.elle AIM~E 1)~REAU (*)
Rdsumd L'6tude publifie intfiresse rensemble des ~chelles hydromfitriques de la plaine d e l'Est enrop~en. Los moyennes mensuelles des niveaux ont fit6 61abor~es par la m6thode d'analyse par combinaisons lin6aires d'ordonnfies, due ~ M. et Mine L~BROUSTE, afin de d~finir la phase de la composante annuelle. La carte de la r6partition de la phase et los profils de celle-ei le long des cours d'eau, montrent que cette r6partition est command~e par le relief, ainsi que par la marche saisonni~re des temperatures, ee qui permet d'expliquer los particularit~s constat~es par los causes naturelles: altitudes, forme et extension du bassin, etc. S u m m a r y - - The research deals with the hydrographic observations of the EastEurope's plain. The monthly means of the water level have been elaborated after the method of Mr. and Mrs. LABliOUST1~ with the aim to determine the phase of the yearly component. The map of the phase distribution and the profiles along the streams shows that this distribution is governed by the physiography, as well as by the seasonal course of the temperatures, what can permit to explain the observed particularities. Introduction Le rhatdriel qui a servi pour cette f t u d e est constitu$ par les moyennes mensuelles des n i v e a u x , publi~s par le Ministate russe des Voies de C o m m u n i c a t i o n pour les armies 1906 h 1910. Les renseignements sur la position des $chelles le long des cours d'eau ont ~t~ trouv~s dans la mfime publication. Le pfrim~tre desservi par le r~seau des $chelles qui ont p u ~tre utflis~es, est limit~ au herd par le parall~le du confluent de la Soukhona et de la D v i n a du nord ; h l'est par le h a u t cours de la Tchoussovaia, le confluent de la Sakmara et de l'Oural, par Ia Volga ensuite; et au sud par le parall~le du delta d e la Volga j u s q u ' ~ l'embouchure du Dniestr; h l'ouest par ce fleuve, la Vistule avec ses affluents et la cSte Baltique. C'est lh u n vaste territoire d e n t font partie les bassins versants de la Volga, du Don, du Dniepr, du Dniestr, de la Vistule et des fleuves cbtiers de la Baltique proprement dite. I1 importe de rappeler au moins sommairement ses traits caract~ristiques pour pouvoir tirer des conclusions d'ordre hydrologique. On consid~re g6n~ralement l ' E s t europ6en comme une vaste plaine. Elle
(*) M.elle AIMI~E P]~aEAV, 15, rue Henri Regnault, P a r i s (14e).
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c o m p o r t e cependant, m6me en dehors des chaines de montagnes que nous n'envisageons pas ici (Crim6e, Caucase, Oural) des diff6rences de niveau sensibles, car la c6te de la Caspienne cst h environ 26 m~tres au-dessous du niveau de la met, tandis que les collines de la boucle de Kouibichev atteignent 368 mStres au-dessus. Cependant, les d~clivit~s ~tant en g~n6ral faibles, les surfaces d'ahitude voisine se pr6sentent avec une certaine continuit6 qui fair qu'au point de r u e rnorphologique on dolt consid6rer comme des 616ments importants de relief d'une part les plaiues d'ahitude supfirieure, au-dessus de 200 m~tres, les plaines d'ahitude moyenne, entre 100 et 200 m~tres et enfin les plaines basses, au-dessous de 100 mbtres. Les plaines moyennes dominent dans le p~rim~tre consid6r6 dont elles forment plus de la moiti6. Ces plaines sont le sibge imm~diat de l'activit~ des cours d'eau principaux. Par contre, les plaines d'altitude sup~rieure surtout, se pr~sentent comme uu r~servoir o~, eu surface, s'accumulent les neiges en hirer, et oh s'effectue Fin, filtration des eaux qui parcourent ensuite des distances consid4rables dans le soussol en formant parfois des r6gions marficageuses ou lacustres, comme par exemple dans le b assin du Pripet, ou dans la r6gion de Valdai, avant de rejoindre les lits principaux de drainage. Malgr6 leur caract~re de cours d'eau de plaine, ces rivi~res ont profond4ment entam~ le sol et on les trouve tr6s souvent fortemeut encaiss6es. Aussi les cartes au 1/10.000.000 ~ pr~senteut-elles, visibles m6me h cette petite 6chelle les profondes ~chancrures des courbes de niveau. J
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Fig. 1 Les plaines alluviales construites par les grands fleuves ne s'observent que dans la pattie sud, tel l'6norme delta de la Volga qui commence dbs Stalingrad, ou bieu les plaines du bas Don. Ces 616ments ne jouent pas de r61e darts le ph6nom~nc d'dcoulement ~tudi4 ici. L'action du climat est caractdrisd par le fait que le r6gime des cours d'eau du p~rimbtre 6tudi~ d6pend essentiellement de l'enneigement qui persiste t o u t l'hiver et introduit un retard consid6rable entre la chute et l'6vacuation. Les pluieS d'dtd quelquefois plus abondantes que les eh,ltes de neige n ' o n t qu'une faible influence sur la tenue des niveaux. Elles sont absorb6es pour une trbs grande part par la vdg6tation et leur apport aux nappes souterraines est faible. Le processus hydrologique essentiel se passe au printemps lorsque la fonte progressive de la neige enfle, d'une part, les cours d'eau par uu ruissellement abondant et d'autre part, laisse des volumes consld~rables s'infihrer, enrichir le sous-sol et maintenir e~
40 ~t~ le d6bit h ciel ouvert. Le climat exerce ainsi son influence sur l'6coulement, surtout par les variations saisonni~res de temp6rature et par son effet sur la v6g6ration. Le graphique (Fig. 1) des n i v e a u x de la Volga ~ Stalingrad dress6 pour l'ann~e 1908 qui ~tait une a n n i e sensiblement moyenne t r a d u i t bien les caractbres g6n6rau~: q u i v i e n n e n t d'6tre dfcrits : il y a une grande crue de printemps clue ~ la fonte des neiges et il y a u n ~tiage, interrompu par quelques crues en 6t6 et eontinu en h i r e r . L e m o u v e m e n t principal du graphique est certainement cette grande onde annuelle, les mouvements secondaires se greffent sur elle, Inais sans masquer son importance. La cause climatique de cette onde annuelle 6rant reconnue, c'est elle qui a ~t~ ~tudi~e pour la double raison de sa predominance ~vidente et de son origine i n d i s c u t a b l e . La composante annuelle des n i v e a u x d ' u n e rivi~re est d6finie ici comme u n e sinusolde r6sultant des calculs effectu6s directement sur les moyennes mensuelles d e s niveaux d'apr~s la mfithode de ]VI. et M.me H. LABROUSTE, dont l'expos~ corn-
Fig . 2 pier se trouve clans les ~ Tables num6riques pour l'analyse des graphiques r~sulr a n t de la superposition des Sinusoides >7(Presses Universitaires de France, 1943). La composante annuelle ~ t a i t isolSe p a r la c o m b i n a i s o n complexe:
S 1 S~ Z~ Z 3 (sl)~2/2 (~)1~/2. Trois ~l~ments peuvent ~tre ~tudi6s sur les sinusoldes, ainsi obtenues, ce sont Famplitude, l'amplitude relative et la phase. Cette dernibre seule sera examin6e ici, car c'est elle qui a u n e signification morphologique la plus 6vidente. La phase
sera exprim6e en nombre de jours qui se sont 6coul6s entre le m o m e n t o6 la composante annnelle a travers4 l'axe en m o n t a n t et l'ordonn6e eorrespondant au mois de juillet. R ~ s u h a t s de l'~tude. A . L a p h a s e - - La phase r6alis6e pa r la composante annuellc varie en somme relativement peu h l'int6rieur de chacun des bassins fluviaux, mais de bassin h bassin il existe des diff6rences notables. Ainsi (Fig. 2), le lac On6ga a uue phase de 60 jours e n v i r o n en j n i l l e t et au m~me m o m e n t le lac Pelpous r~alise une phase de 130 jours, ce qui fait une avance consid6rable. E n consid6rant la r~partition des phases sur notre carte on aper~oit qu'elles ne sont pas dispers6es au hasard, mais qu'il existe des groupements r6gionaux et une continuit6 de variations qui fair q n ' i l est possible d'interpr~ter des lignes d'6gale phase. On sait que le ph6nom~ne de l'6coulement superficiel se manifeste en permanence dans les cours d'eau qui forment u n r6seau lin6aire ; la surface enti~re du bassin versant ne participe que pas intermittence ~ cet 6coulement. 11 y a donc u n c o m p o r t e m e n t essentiellement diff6rent entre ces deux 616ments du 'bassin versant. Mais en constatant, comme il v i e n t d'etre fait q u ' i l existe une loi de r6part i t i o n de la phase, on met en 6vidence Faction des influences agissant sur l'6coulement ~ l ' i n t 6 r i e u r des mailles du r6seau hydrographique ou m~me titre que le long des rivi~res. Cela revient ~ dire q u ' e n i n t e r p r 6 t a n t les isophases on a d m e t que m6me si la localisation du cours d'eau 6tait diff6rente, la marche du ph6nom~ne de l'6coulement serait la m6me. Or c'est la structure du pays et le climat qui d~terminent le r6seau hydrographique. Qu'est-ce qui agit alors sur la phase? La v a r i a t i o n avec la latitude doit exister, mais darts le cas du p6rim~tre 6tudi6 ici, elle est certainement moins importante que d'autres causes. D'autres auteurs (MM. J. B~uss~N, V. FROLOW, S. ~AZLOV~) ont montr6 la d6pendance de la phase de l'orographie, de la temp6rature et du vent. La r6partition de la phase 6tudi6e ici (Fig. 2) a cette caract6ristique principale: l'avance de phase est confin6e surtout entre les limites passant par Riga, Kouibichev, Samara, Stalingrad et Varsovie; partout ailleurs la phase est sensiblement plus petite. Cependant il n ' y a pas d'uniformit4 ni dans cette zone d'avance, n i dans la zone ext6rieure. Dans la premiere il existe deux centres de phase plus 6volu6e. Celui d'Ouest (phase max. 335) s'6tend sur les bassins de la Vistule, du Niemen et de la Venta. Celui de l'est (phase max. 213) englobe le h a u t cours du Don, de la Tsna et le cours m o y e n de la Soura. Darts la zone ext6rieure il existe u n centre d'avance de phase secondaire par la valeur de celle-ci (valeur max. 170), mais par contre, tr~s d6velopp6 en surface, car il englobe les plaines de la K a m a et de la Viatka. E n c o m p a r a n t la r6partition de la phase et la topographie, on volt n e t t e m e n t que l'avance de phase se localise dans les plaines, tandis que les parties les plus 61ev6es du territoire la retardent. Pour expliquer ce fair il suflit de rappeler que la crue des cours d'eau 6tudi6s r6sulte, pour la p l u p a r t d'entre eux de la fonte des neiges qui est concentr6e sur u n intervalle de temps restreint et qui en r6gle g6n6rale, est u n peu plus t a r d i f dans le Nord. Cependant les parties les plus 41ev6es du territoire sont celles oh la temp6rature reste n a t u r e l l e m e n t plus basse que sur les plaines, et de ce fait la fonte des neiges y est plus lente. J ' a t t r i b u e la disposition g6n6rale des isophases d6crites au relief qui d6termine une diff6rence de temp6rature en faveur des plaines, o6 la neige disparait plus r i t e que sur les hauteurs. C'est 1~ une action diff6rente de celle que M M . FROLOW et
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MAZLOU~ ont d6cel6e, car dans les cas 6tudi6s p a r eux-le relief a g i t en p r o v o q u a n t un m o u v e m e n t ascendant de l'air. I1 est tr~s p r o b a b l e que d ' a u t r e s l i e u x d ' a v a n c e de phase existent encore. Cette 6tude devra ~tre reprise lorsque l'on poss~dera les donn6es d ' u n r6seau hydrom6trique b e a u c o u p plus dense. On p o u r r a alors e x a m i n e r aussi le probl~me de la fixit6 des l i e u x d ' a v a n c e de phase et de leur i m p o r t a n c e respective. II se pourrait, effectivement, que s u i v a n t l ' 6 t a t t h e r m i q u e et pluviom6trique de ces contr6es, des relations insoup~onn6es aujourd~hui soient r6v616es. B) Profils plymiriques - - Ces profils ne sont autre chose que les coupes de la carte de r 6 p a r t i t i o n de phase faites le long des cours d'eau. On porte en abscisses les distances et en ordonn6es la phase h la s t a t i o n correspondante. Le graphique obtenu r6vble la mani~re dont se forme une crue le long du cours d'eau. Si la crue se m a n i f e s t a i t p a r t o u t en m6me temps, la phase a u r a i t 6t6 p a r t o u t et toujours la m~me et elle serait repr6sent6e par une droite horizontale. Si la crue s'6coule le long d ' u n cours d'eau sans p e r t u r b a t i o n , ni du fair des affluents, ni du f a i t des retenues locales, la phase instantan6e i r a i t en d i m i n u a n t 'vers l ' a v a l et le graphique serait repr6sent6 p a r une droite i n d i n 6 d vers l'embouchure du cours d'eau, e'est le cas n o t a m m e n t d'une goulotte qui reqoit un d6bit variable/~ l ' a m o n t et qui le t r a n s m e t tel quel. S u i v a n t que la vitesse de l ' e a u est plus ou moins grande le graphique aura au contraire une pente plus ou moins faible. Le cas envisag6 a requ le nora de c a t a p l y m i r i s m e . I1 e n e s t un autre oh le m a x i m u m de la crue se p r o d u i t aux stations d ' a v a l d ' a b o r d et plus t a r d a u x stations d ' a m o n t , c'est le cas d ' a n a p l y m i r i s m e . L'inclinaison du graphique va alors d'aval vers l ' a m o n t . I c i l ' e a u coule 6videmment en d e s c e n d a n t vers l'embouchure, mais le ph6nom~ne de la crue progresse de l'embouchure vers la source. J ' a i d6crit ces dispositions pour le Nil Blanc, dont la crue est command6e p a r le niveau du Nil Bleu (Comptes rendus Ac. Sc. t. 207, 1938, p. 932). Dans le eas des cours d ' e a u du p6rim~tre 6tudi6 ici deux facteurs p r i n c i p a u x agissent sur la phase, c'est d'une p a r t la s i t u a t i o n plus ou moins 61oign6e de la m e t et, d ' a u t r e p a r t , I ' i m p o r t a n e e et la dur6e de l'enneigement. On dolt invoquer ces facteurs pour expliquer les particularit6s des profils plymiriques (Fig. 3 h 7) relatifs ~ la phase r6alis6e en J u i l l e t de la composante annuelle des n i v e a u x des cours d'eau 6tudi6s. E x a m e n de d~tail des profils plymiriques - - Les profils plymiriques des diff6rents cours d ' e a u sont group6s p a r bassins. Le t r a i t fort repr6sente la r6partition de la phase en juillet 1908 le long du fleuve principal. Les affluents se raccordent ce premier trac6. Darts la p l u p a r t des cas il n ' y a pas de s t a t i o n a u confluent, d~s lors, la phase r6elle n ' y est pas connue. Mais il est hors de doute que celle que donne le profil pour le fleuve principal en cet endroit est d ' a u t a n t plus approch6e de la r6alit6 que l'affluent est moins i m p o r t a n t . L a Vistule (Fig. 3) - - La phase de la composante anauelle de ce cours d ' e a u retarde en r~gle g6n6rale de l ' a v a l vers l ' a m o n t . L ' e x p l i c a t i o n de ce fait est 6vidente: le bassin sup6rieur de la Vistule subit les effets de l'enneigement, t a n d i s que le cours inf6rieur, sous F a c t i o n de l a m e r le subit ~ un degr6 moindre. De plus les orages d'6t6 du h a u t cours r e t a r d e n t la phase de la composante calcul6e, t a n d i s qu'ils n ' a p p o r t e n t qu'une influence t o u t ~ fair secondaire pour la basse Vistule. L ' a n a l y s e des d6tails de ce profil qui pr6sente d'assez grosses variations de phase ne saurait ~tre faite, car on ne poss6de pas assez d'observations sur les affluents
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de la Vistule, sauf deux: le ~Iarev et le Boug occidental. Les profils m o n t r e n t que ces deux cours d ' e a u sont plus pr6coces que la u L ' e x p l i c a t i o n est imm6diate pour le Narev, car c'est une rivibre de basse plaine, la plus rapproch6e de l a m e r dans ce bassin. Le N a r e v subit moins les effets de l'enneigement et sa crue est plus pr6coce. Le Boug occidental p r e n d sa source dans la m o n t a g n e et p a r cons6quent les stations d ' a m o n t m o n t r e n t une phase sem- 250 blable ~ celle de la haute Vistule. Mais le hassin v e r s a n t du Boug est tr~s allong6 ce q u i r e n d le tours inf6rieur de cette rivi~re 3oun ...~rev s" moins sensible aux influences d ' a m o n t . L ' 6 t a t t de la crue de eette rivi~re se ressent n6cest !('I s a i r e m e n t des conditions de la plaine, dejh 200 influencfie p a r la met, et son cours inf6rieur Vistule...~NIJ a une phase sup6rieure h eelle de la Vistule. Cette phase du Boug est cependant moins avanc6e que l a phase du Narev parce que celui-ci est encore plus prbs de la mer. Ce r a p i d e examen des profils eonsidfir~s montre 150 la relation 6troite qui existe entre ]a mor0 $00 Km 1000 phologie du pays et ]es earactbres d ' u n cours Fig. 3 d ' e a u , relation qui n ' a p p a r a i t pas autrement.
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La Volga (Fig. 4). L'aspect g6n6ral du profil p l y m i r i q u e de la Volga et de ses affluents est convexe vers le haut. Le bas comme le h a u t cours, voient l a phase de la composante annuelle plus t a r d i v e que le cours moyen. L a d i m i n u t i o n de la
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Fig. 4
phase-est presque r~guli~re apr~s l'embouchure d u dernier grand affluent: la K a m a , j u s q u ' a u voisinag e de l a m e r . Sur ce parcours la u n'est q u ' u n canal qui ~coule la crue venue de l ' a m o n t ; nous sommes donc ici dans le deuxi~me cas th6orique et effectivement, ~ peu de chose pros, le g r a p h i q u e p e u t ~tre assimil6 ~ une ligne droite inclin~e ~ raison de 60 k m environ p a r jour, ce qui correspond ~ une vitesse
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d e t r a n s l a t i o n d ' e n v i r o n 0.70 mbtre ~ la seconde. Cette valeur est tr~s voisine des vitesses moyennes de l'eau en crue 0bserv6es sur la Volga. La d i m i n u t i o n de la phase S'accentue encore prbs de l'embouchure, ce qui est 6videmment dfi a u fait que la phase de la composante annuelle des n i v e a u x de celle-ci n'est pas 6gale h la phase de la Volga et le profil consid6r6 montre que cette action ne se fait pas sentir bien loin dans les terres, L a faible valeur de la phase de la Volga prbs de sa source est due, d'aprbs ce qui a 6t6 d i t plus haut, h l'influence des altitudes qui a 6t6 d6crite h propos de la carte de la r 6 p a r t i t i o n de phase. Cette influence est peut-etre rcnforc~e p o u r les deux stations du lac S61igher, p a r la lenteur imposfe h l'6coulemeut dans cette euvette. Le profi ! de l ' O k a est en pente ~ p a r t i r des sources vers l'embouchure. On s'exp!ique facilement que la phase de la composante annuelle de l ' O k a soit sup6rienre h celle de la Volga, t a n t p a r la position plus m6ridiouale de l ' O k a que p a r
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Fig. 5
la situation de son bassin dans une plaine d ' a l t i t u d e moyenne h proximit6 d ' u n centre i m p o r t a n t d ' a v a n c e de phase. La Soura a une phase encore plus avanc6e que l'Oka. Cet affluent est d ' a b o r d plus court il p6nbtre d ' a u t r e p a r t plus profondement dans la zone d ' a v a n c e de phase, dont la raison d'fitre est morphologique, rapellons le. Mais sur la Soura il existe un point de phase m a x i m u m ~ p a r t i r duquel celle-ci diminue vers l ' a m o n t et vers l'aval. Ce p o i n t de falte se t r o u v a n t h la sortie de la rivi~re dans la plaine moyenne, il faut a t t r i b u e r la d i m i n u t i o n de la phase vers l ' a m o n t au r e t a r d apport6 h la fonte des nei'ges suivant l ' a l t i t u d e . Par contre de mfime que p o u r la p a r t i e basse de FOka, te has cours de la Soura a sa phase influenc~e p a r celle de la Volga qui a une valeur inf~rieure, I1 semblerait donc que les conditions d'6coulement sour plus favorables h la mont6e de la crue qu'~ la d6crue sur cette portion de ces deux affluents, mais faute de documents on ne saurait discuter les r6percussions possibles sur le m a i n t i e n des profondeurs. Le Don (Fig. 5). Le bassin versant du Don s'6tend surtout sur la rive gauche de ce fleuve. Cette p a t t i e dn bassin est constitu6e par des plaines d ' a l t i t u d e moyenne, tandis que les plaines d ' a l t i t u d e sup6rieure rbgnent sur la rive droite. La morpholog i e du bassin donne ainsi la pr6dominauce aux plaines moyennes, lesquelles sont plus r a p i d e m e n t d6barass6es des neiges. La composante annuelle des n i v e a u x du Don, compte tenu des d61ais d'6coulement dans le lit. doit ainsi 6tre plus pr6coce dans la partie a m o n t du fleuve. Le profil 5 m o n t r e que le r~suttat des calculs est conforme h ce que la description morphologique fait entrevoir la phase d i m i n u a n t
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d ' a m o n t vers l'aval du Don. Cependant le profil 5 ne remonte pas aux sources m~mes du Don, faute d'~chelles d'observation. La carte (Fig. 2) i n d i q u e pour cette p a t t i e amour une marche inverse de la phase qui semble devoir d i m i n u e r vers l ' a m o n t apr~s avoir a t t e i n t u n m a x i m u m aux environs du point extreme du profil 5. Le trae6 des isophases n'est certainement q u ' a p p r o x i m a t i f ear il est bas6 sur u n ensemble de stations assez dispers6, n6anmoins, ~ part les iudications de celles-ci, on volt, en e x a m i n a n t la carte hypsom6trique que prbs des sources la proportion des plaines hautes augmente notablement, c'est donc celles-ci qui d 6 t e r m i n e n t la phase Sur le h a u t cours et doivent la rendre plus tardive q u ' a u d~but d u profil 5. L ' e x p l i c a t i o n morphologique est encore en accord avec le r~seau des stations. Ainsi compl6t6 le profil plymirique du Don serait du m~me genre que celui de la Volga. P a r m i les d6tails il faut signaler q u ' e n aval de Triokh Ostrovianskaia, le profil 5 devient moins r~gulier, il est possible que cela soit dfi, n o n seulement ~ l'arriv6e d'affluents importants tel que Ie Khopior, mais aussi aux formes du l i t p e r m e t t a n t des inondations partielles de la vall~e. La n o n concordance de la phase de la composante annuelle des n i v e a u x de la mer et du Don se manifeste sur celui-ci par u n retard de phase prbs de l ' e m b o u chute. Cette influence de l a m e r a une extension d'ailleurs faible comme pour les autres cours d'eau et le profil 5 permet de dire qu'elle ne sYtend pas au-dela de Starotcherkasskaia ~ 98 k m de l'embouchure. La phase du Donietz du Nord est sup6rieure h celle du Don, cela dolt ~tre expliqu6 par ce que le Donietz tire son a l i m e n t a t i o n du versant orient~ NO - SE des collines dont l'autre versant, soumis h des temp6ratures moins ~lev6es au printemps, alimente le Don.
Le Dnieper (Fig. 6) - - Le profil du Dniepr a l'allure g6n~rale de celui de la Volga, convexe vers le haut, il montre que la phase m a x i m u m est r6alis~e vers la moiti6 du cours de ce fleuve et qu'elle d~croit ensuite, t a u t vers l ' a m o n t que vers l'aval d ' u n e facon r6guli~re pour les deux directions. Le Dniepr, comme la Volga, est u n cours d'eau de plaine et les deux fleuves sont encore comparables en ce qu'ilsre~oi-eentla totalit~ de leurs grands affluents ~ une distance considerable de la mer. La Desna, dernier grand affluent du ])niepr, s'y jette h 890 k m de l'embouchure, soit prbs de la moiti6 du cours total de celui-ci. La Volga reqoit la K a m a , qui est de m~me le dernier grand affluent, h 185~6 k m de l'embouchure, soit u n peu plus que la moiti~ de son cours. C'est lh toute l'explication du profil plymirique du Dniepr. La crue se forme par l'apport des diff6rents affluents principaux~ mais en chaque point de la moiti~ sup~rieure du cours, l ' a l i m e n t a t i o n par le bassin propre du fleuve est d'importance comparable h l'apport des affluents. De plus, t o u t ce r~seau a une direction p r f d o m i n a n t e N-S, ce qui fair que la crue se manifeste d ' a b o r d en aval et ensuite suit la fonte des n ig s plus t a r d i v e de l'aval vers l ' a m o n t . Le cours inf~rieur du Dniepr est surtout u n canal d'6vacuation, mais la composante annuelle des n i v e a u x chemine deux lois plus l e n t e m e n t sur le Dniepr que sur la Volga. I1 y a 6videmment la l'influence du retard apport6 'h l u par la disproportion entre une large vall6e due ~ l'6coulement glaciaire et le d6bit aetuel relativement faible du Dniepr. I1 faudrait pr6eiser la m6canisme de ce freinage de la erue, t~che que nous ne pouvons que signaler aux hydrologues du pays. E n eomparant le graphique du Dniepr et de ses affluents, on constate imm6-
--46m d i a t e m e n t que sauf pour la Desna inf6rieure, tous les autres out une crue plus pr6coce que Ie fleuve lui-m~me. La carte altim~trique donne une explication immediate de ce comportement. Le h a u t D n i e p r est u n cours d'eau dont le bassiu a une grande proportion de terres au-dessus de 200 m, oh la fonte des neiges est retard6e, de m~me la proportion de ces terres plus hautes est consid6rable dans le bassin de la Desna, tandis que la Soj, le Pripet et la B6r6sina sont des cours d'eau de plaine d'altitude moyenne. La diff6rence entre le h a u t cours de la Desna et du Dniepr est 6videmment due h la position plus m6ridionale de la premiere.
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Figg. 6-~ Le Dniestr (Fig. 7) Le bassin versant de ce fleuve est de forme allong~e. Issu de montagnes plus arros~es (Carpathes), il se jette ~ l a m e r dans u n p a y s relativement sec. Ce fleuve a donc des ressemblances avec Ie Boug d'Ouest aussi, la phase de la composante annuelle va de m~me en d i m i n u a n t vers l'embouchure pour ces deux cours d'eau. Le gradient de la phase pour le bas cours du Dniepr et du Dniestr est d ' e n v i r o n 2 km 1/2 par jour. Conclusion La principale conclusion de cette ~tude est que le r6gime de la composante annuelle des n i v e a u x des cours d'eau de la plaine de l'Europe orientale est d6termin6 par la temperature tout en subissant l'influence des altitudes. Cette 6tude a permis de d~finir les d~tails de ces influences et d'en donner la mesure en nombre de jours en ce qui concerne la phase. On a d~montr~ ainsi pour u n grand territoire une continuit6 de ph~nom~nes qui a pu trouver une explication rationnelle. E n consid6rant la r6partition de la phase le long des cours d'eau pris individuellement, on a v6rifi6 le fait que le ph~nom~ne de la crue pris en lui-m~me, peut se propager aussi bien dans le sens de l'~coulement q u ' e n r e m o n t a n t le courant. Ainsi a ~t~ v~rifi~e l'existence du ph~nom~ne que •. V. FROLOW a appel~ plymirisme et on a r~pondu ~ l ' i n v i t a t i o n adress6e aux chercheurs hydrologues par l'Assembl~e G~n6rale d ' E d i m b o u r g de l'Association I n t e r n a t i o n a l e d'Hydrologie Scientifique. On a pu voir aussi que l'influence de la m e t sur la composante annuelle des n i v e a u x des fleuves existe certainement, mais qu'elle ne s'exerce que sur des distances r6duites. 3'aurais voulu comparer le marche de la phase de l'~coulement ~ celle des pr6cipitations atmosph~riques, qui est ~ son origine mais l'enneigement i n t r o d u i t dans les calculs une p e r t u r b a t i o n telle clue la comparaison n ' e s t pas possible et ainsi j'ai ~t~ amen~e ~ l i m i t e r ' c e travail ~ l'~tude qui vient d'etre expos~e.