L'antiquit6 de la 16prose, de la syphilose et de la tuberculose, Par le Dr. Dem6trius Zambaeo Pascha.
La 16prose, la syphilose et la tuberculose constituent une t r i a d e m o r b i d e , avec caraet~res connexes - - et tout ~ la lois, diff6rentiels - - qui expliquent l'erreur, parfois soutenue, principalement pour les deux premieres, d'une origine unique, avec modifications ~ travers les si~cles et les variations m6~6orologiques de l'ambiance. Ce sont bien t r o i s s c e u r s ~, grands traits de parent6 et de similitude; mais essentiellement differentes, quant ~ leur essence. Et la preuve c'est que ron peut ~tre, en m~me tempe, 16preux et syphilitique, 16preux et tuberculeux et, ce qui est rare r atteint ~ la fois de ces trois maux. D'ailleurs, l'individualit6 de leurs bacilles r6ciproques combat cette hypoth~se, ~ moins d'appliquer au microcosme ]a th6orie de la monog6nie, invoqu6e pour le m6gacosme, que d6fendit avec talent Q u a t r e f a g e s , avec mutations vari6es travers les si~cles, comme pour l'esp~ce humaine, les chiens, les gallinac6s etc. dont les nombreuses vari6t6s aetuelles 6maneraient d'un seul couple primitif, avec transformismes progressifs et nombreux: ~ travers les ages. L'homme est infiniment plus aneien sur terre que ne le pr6tend la pu6rile fabrication d'un Adam limoneux. (A. L ef6vre,)
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Selon William T h o m s o n , plus lard c r ~ Lord K e l v i n , par la reine Victoria, l'~ge de la terre serait, tout au moins, de 40 millions d'ann~es; et le soleil aurait 6clair6 la terre pendant plus de 100 millions d'ann~es au moins et de 500 millions au plus. Le transformisme fur la loi eonstante pendant route cette longue s~rie de si~eles. T o u s l e s 8tres vivants datent de eette p~riode cr6atrice qui, proe6dant par 6tapes progressives, eonfectionna cette multitude innombrable d'Stres simples d'abord duns leur structure, et de plus en plus eompliqu~s, qui ont peupl4 l'ur~ivers entier. Les conditions g~n~rales de la creation dans ses origines, et de l'ambianee, lorsque ]a nature d6eernait la vie avec une prodigalit6 merreilleuse, resteront ~ jamais imp6n~trables. Tout ee qui a ~t6 d~bit6 s ce sujet, plong6 dans les t6n~bres, constitue des inventions vulgaires, ha'ires, enfantines, fantasques, forg6es par des esprits ignorants, pr6tentieux, et ne r4sistent pas un seul instant, ~ la critique sientifique, bien que v4n~r~es par les Publics, comme des r6v6lations ~manantes d'en haut. Et Dieu, maitre de toute science, se serait ainsi inflig6 des d~mentis ! Un fait seientifique incontestable et dent la d~monstration est due ~ l'immortel Pasteur, c'est que la g6n6ration spontan~e n'a pas lieu de notre temps, et que la vie ne saurait plus ~tre d~eern~e que par des g4niteurs, eonform~ment au lois immuables de la nature. Un illustre anthropologiste et grand penseur, notre r6grett~ grand maitre, Q u a t r e f a g e s , dit dans son dernier travail, a v e c l a modestie d'un vrai savant: qu'il 6ehappa toujours son esprit scrutateur le myst~rieux c o m m e n t de la er6ation. Or, les bacilles, tout ~l~mentaires qu'ils soient, eomme les monades, ont ~t6 fabriqu6s darts les premiers temps de la fougue er~atriee qui proc6da du plus simple au plus eompliqu~, et peut 8tre avant le roi de la er6ation qu'ils devaient exploiter. Done t o u s l e s baeilles, dent les d6eouvertes sueeessires nous livrent les secrets des maladies mierobiennes, datent de l'6poque off les forces g6n~ratriees poss~daient la puissance de cr4er de toute piece et do r i e n . hujourd'hui, ils ne peuvent, pas plus que les gros quadrup~des, prendre naissance
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et pulluler que d'une provenance identique, et nullement par g~n6ration spontan6e. Men illustre maitre, le grand R i c o r d , d0nt je me glorifle d'avoir ~t6 l'interne s rhbpital du midi, r~p6tait avec sa p~tulance d'esprit et sa sagacit6 ironique constante: Dieu cr6a, d~s l'origine, le couple humain etle dora d e s m a l a d i e s v6n~r i e n n e s ; paroles qui se traduisent aujourd'hui par les roots gonocoques et spirochetes. Aucune maladie infectieuse, microbienne ne saurait se d~velopper autrement que par la transmission de son bacille sp~cifique de l'~tre qui le colporte ~ sa nouvelle victime. P~re Nob avait dent ramass6 dans son arche t o u s l e s bacilles morbig~nes, pour conserver ~ sa descendance les bienfaits de leurs exploits. En consequence, la l~prose, la syphilose et la tuberculose, dent nous nous occupons en ce moment, remontent s la plus haute antiquit6. Voil~ donc la splendide lumi~re dent nous a ~clair~s la nouvelle science. 9 Mais il faut se bien garder d'exag~rer l'omnipotenee de la microbiologie~ et de m6priser tout ce qui a ~t6 fait avant ell% par les observateurs cliniciens, ~ travers les ages. Car apr~s tout les bacilles sp6cifiques sent constants dans leurs caract~res morphologiques et pourtant leurs effets sent bien loin de l'~tre. Ainsi, pour ne pas sortir d e notre sujet, les Europ6ens, par leur s~jour prolong6 dans les colonies off la lbpre s6vit en toute activitY, peuvent devenir 16preux. Mais ces 16preux rentrant en France ou bien, si l'on veut bien, en Europe, bien que grouillant de trillons de bacilles de H a n s e n , qu'ils projettent partout s profusion, et principalement par leurs expirations, bacilles absolument identiques ~ ceux qui lnfectent les l~preux des colonies, ne transmettent la l~pre ni ~ leurs amis, ni ~ leurs families, ni ~ leurs eonjoints. C'est 1s un fair incontestable. I1 n'y a pas de transmission de ]a l~pre, depuis h l i b e r t , depuis un si~cle, de ces 14preux ambulants de Paris, au nombre moyen de deux cents, ~ un habitant de Paris. Et pourtant ces l~preux circulent librement partout dans Lut~ce. Ils fr6quentent les h6tels, les caf6s, les th6~tres le demi et le grand monde. Car il y en a parmi eux des richards Mexicains, Havanais, Br6siliens . . . . . qui out acc6s partout. Ils sbment partout
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d'innombrables bacilles qui ne cultiveut pas, comme des graines jet~es sur des rochers. Ces graines n'ont jamais germ& Et les 6minents dermatologues de l'hbpital St. Louis de Paris, qui s'y sont succ~d~s depuis h t i b e r t: les B a z i n, les C a z enave, Gibert, Hardy, Vidal, Besnier, Hallopeau, Thibierge~ Jeanselme ..... bien que la plupart conlagionnistes, out toujours re~u duns leurs salles communes, r de malades eczemateux, ulc6reux . . . . . sans aucune prophylaxis et pendant des mois, des armies m6me, sans avoir jamais vu un seul exemple de contamination qu'ils recherchent pourtant avec des yeux d'Argus, pour ~tayer les s~duisantes theories de contagiosit~, aux quelles j'aurais pr~f~r~ le moindre ~ermisseau comme dit le fabuliste, c'est-~-dire u n exemple de contagion. La nouvelle et belie science est encline ~ exag~rer ses magnifiques conqu4tes. Elle pretend tout avoir approfondi, tout expliquer par la transmission des microbes, par la contagion. Il y a pourtant bien des probl~mes encore sans solution. Les faks concernant la l~pre, que nous venous d'exposer, sour du hombre. Et il y e n a bien d'autres. Ainsi la nouvelle science est impnissante d'expliquer la causalit6 des ~pid~mies (peste, cholera, dyssenterie et m~me de diphtherie). Pourquoi le m~me bacille, toujours identique morphologiquement~ n'occasionne que, des cas sporadiques, l~gers~ pendant des ann6es; puts devient-il, tout ~ coup, tr~s actif, tr~s vuln~rant, tr~s meurtrier, sous forme de terribles ~pid6mies? I1 y a donc, en dehors des bacilles et du terrain, de l'individualit6 des sujets, de la r~ceptivit~ ou de l'immunit6 personnelle - - deux conditions dont il faut aussi tenir compte bien qu'occultes - - des circonstances qui nous ~chappent, qui favorisent l'extr~me virulence temporaire, 1'excessive contagiosit~ et la malignit~ de ces m~mes bacilles sur les masses. Ces bourrasques ~pid~miques restent incompr~hensibles, et pourtant les bacilles sont toujours les m~mes. En fut-il de m~me7 duns le temps, pour la l~pre et pour la syphilis? Y a-t-il eu de ~raies ~pid~mies de ces maladies ? La vieille m6decine dans sa modestie avouait son ignorance qu'elle exprimait par le q u i d i g n o t um.
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Par quoi les bacteriologues intransigeauts remplacent-ils cet aveu sincere ? O'est qu'il y a des causes cosmiques, physiques, chimiques ou teUuriques qui exercent une influence puissante sur la morbidit~ des bacilles et que nous ignorons d'une mani~re absolue. Ce s o n t 1~ d e s c o n t i n g e n c e s ambiantes non d~celables. Le regrett~ K e 1 s c h~ membre de l'Acad~mie de M~decine de Paris, ajoutait: c'est nourrir des illusions chim6riques sur le rSle de la s~questration dans l'extinctioa des ~pid~mies microbiennes. (La m~ningit~ c~r~bro-spinale ~pid~mique, in Revue d'Hygi~ne et de Police sanitaire, 20. janv. 1911.) D'ailleurs les experiences de Pasteur, rendant les poules r~ceptives aux inoculations du charbon, en abaissant leur temperature ~ 39 ~ r d~ccrnant la r~sistance au lapin aux m~mes inoculations, si l'on ~l~ve sa temperature de 39 ~ 43 ~ - - par un s~jour convenable ~ l'~tuve - - ces experiences d~montrent sans conteste l'influence de l'ambiance sur la vuln~ralit~ des bacilles qui restent toujours identiques sous l'oculaire. Mais les u l t r a - c o n t a g i o n n i s t e s resten~ inexorables duns la puissance exclusive de bacilles. I1 n'y a rien pour eux en dehors des microbes. Ils rejettent ~galement l'indiscutab!e h~r~dit~ qui r~git l'univers rant en physiologie qu'en pathologie. (Voir l'H~r~dit~ de la L~pre, Masson 1908, Z a m b a c o . ) Mais je m'aperqois que je m'~loigne de mon sujet, entraln~ par des questions d's c5t6 qui, neanmoins, ne sont pas sans rapport avec notre sujet. La l~prose, ainsi que la syphilose, a s~vi sur resp~ce humaine depuis les temps pr6historiques; et ces deux sours jumelles, similaires parfois darts leurs symptomatologie~ ont toujours eu leurs histoires entrelac~es, et furent toujours conIondues ensemble. La l~pre a r~gn6 aux Indes, sous le nora de K u s h t a , d~s la plus haute antiquitY; bien avant les r~gnes des Pharaons d'Egypte que l'on a consid~r~e, s tort comme son premier berceau. Les livres sacr~s sanscrits des Indoux, les V ~ d a s , en font foi. Elle a toujours s~vi cruellement dans cette contr~e
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off l'on compte encore aujourd'hui plus de 230 mille de ses victimes. I1 en fat de m~me de la Chine. La lbpre et la syphilis toujours confondues et prises rune pour l'autre ont r6gn6 en Asie, tant aux Irides qu'en Chine depuis une 6poque qu'on ne pourrait d6terminer. On en verra la d6monstration plus loin. Des Indes~ son premier foyer~ la l~pre se propagea, selon routes les apparenees et les documents historiques, dans route l'Asie, par terre d'abord, et plus tard par mer aussi~ grace en grande partie, aux Ph6niciens premiers trafiquants et navigateurs qui, infect6s, colportaient leur maladie nationale, d6sign6e en effet plus tard sous le vocable de M o r b u s P h 6 n i c i c u s (qui n'est que la l~pre), darts leurs innombrables Colonies. Leurs excursions eontinuelles en Asie, en Afrique vers la Grace aussi (vers le XVIe sibele avant J. Ch.); . . . m6me en Am6rique, qu'ils avaient abord6e bien avant Christoph Colomb (Histoire universelle~ Amsterdam et Leipsik 1752) propageaient partout la l~pre et je dirai la syphilis aussi sa sceur de lair. Les Normands ont d6couvert l'Am6rique cinq si6eles avant Christoph Colomb. Leit Ericson, ills de Wiking Erig le Rouge, chass6 de ~-orv~ge ~ la suite d'un meutre, s'enfuit en Island d'ofi il hariga jusqu'au Gro~nland, et finit~ vers Fan 1000, par toucher la cbte Am6ricaine. Des 6tablissemeats Normands dont on a trouv6 les fondations dans le Massachussett, autrefois appel6 le Vinland, ont d6montr6 le fair. Mais les Ph6niciens avaient d6j~ visit6 le soitdisant nouveau continent quelque mille ans auparavant. Tout d'abord, la lbpre a dfi s'4tendre ~ tous les peuples primitifs de l'Asie centrale, Scythes, Assyriens, Perses etc. lci s'impose une petite digression qui n'est pas sans int6resser notre sujet. On ne dolt pas ignorer que les anc6tres des Ph6niciens 6talent les Koushites de la Bactriane (aujourd'hui Turkestan et Perse), une branehe s6mitique aneienne. Des eonfins de la Chald6e, ces Koushites all,rent jusqu'au Golfe Persique, et plus tard, devenus les Ph6niciens, ils envahirent l'univers. (Masp6ro, Histoire ancienne des peuples d'Orient.)
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Les Scythes ont 6t6 le premier peuple qui habitait ]a Chald6e. Selon Lef~vre, vers l'ann6e 2300 avant J. Ch. derriere les Pasteurs ou Hyksos (rois brigands)~ des confins de ]a Chald6e et des iles basses du Go]fe Persique, une 6migration Anan6enne s'est gliss6e duns la Syrie. C'6taient les tribus Ph6niciennes. u leur exacte p6r6grination; et alors, de ]eur 6troite lisi~re, demi pirates, demi trafiquants~ ces Ph6nieiens d'alors ilrent ]'6ducation de l'oecident. Mais en m~me temps ils s6m~rent partout sur leur passage la l~pre qu'ils avaient puis6e duns leur pays d'orlgine, le m o r b u s P h 6 n l c i e u s ; car ils en 6taient infect6s, lls fondaient done partout des comptoirs et des colonies, s'y 6tablissaient, s'y mariaient et faisaient partout des souches de 16preux; car ils voyageaient, bien entendu, sans femmes. Un arch~ologue, bien savant, feu O p p e r t de l'Institut de France, m'a dit que des fouilles en Chald6e mirent ~ jour des briques qui indiquaient les fronti~res~ et sur lequelles il a lu, en cune/-formes, , c e h i qui y touchera et les d6placera, offensera le Dieu de ]a Lane et sera couvert de la maladie qui brfile (isrubfi)~ comme par un manteau et s e r a c h a s s ~ h o r s d e la v i l l e " . I1 est 6vident qu'il s'agissait de l~pre, et de son isolement. L e t i e n n e mentionna aussi darts un int6ressant article, paru dans ]a Presse m6dicale le 16 Juiu 1906 qu'ea Chald6e des inscriptions couvrent certaines pierres appel6es K o u dourrous, concernant des contrats et des donations, que l'on plaqait sur les champs qu'elles visaient. On y inscrivait en m~me temps des impr6actions contre quiconque les d6placerMt . . . . Que S i n puissant parmi les dieux lui impose une Hydropisie et couvre son corps de l~pre, ainsi que d'un v~tement , . . . . que la d6esse G o u l a empoisonne ses enfants d'un real incurable". Ce sont l~ des allusions ~ la l~pre. On doute sur la nature de la maladie du Nemrod Assyrien, Iztubar, au VIIi~me si~cle avant J. Ch. A-t-il eu la l~pre ou la syphilis? Selon J. Procop il 6tait l~preux. (Monatshefte fiir praktische Dermato]ogie, MM 1891 ; consulter aussi B u r e t , loc. cito.) Areh. f. Dermat. u. Syph. Bd. CXI.
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Selon Plu{arque, Artaxerxes ~tait l~preux (V. si~ele avant le Christ). L'arm6e d'Alexandre 6tait aussi infect6e de la l~pre. La lbpre a dfi se propager entre t o u s l e s anciens peuples d'Asie en guerres p6riodiques entre eux: Babyloniens, Assyriens, Perses . . . . . qui effectuaient ]e transport en masse de route une population vaincue, en dehors de ses foyers, au milieu du peuple conqu~rant. Tous ces peuples souffraient de la l~pre. La Grgce est redevable aux Ph6niciens de son g l ~ p h a n t i a s i s qui n'est que le m o r b u s P h 6 n i c i c u s h611enis6, c'est-~-dire la lgpre. Celle-ci n'est d'abord que vaguement indiqu6e duns ses auteurs. Ce n'est clue bien plus t a m que les m~decins Grecs et les Romulus en donn~rent de bonnes descriptions: Galien, Bufus, Oribase, Paul d'Egine, A~tius qui la d6signe toujours sous le nora de m o r b u s P h 6 n i c i e u s . Dans une conversation scientifique que j'ai eu eu 1888 avec feu le Dr. P us c h m a n n , le savant professeur d'histoire de la facult6 de Vienne, notre regrett~ confrere, partagea routes rues idles ci-dessus expos~es. (Yest ?~ l'invasion des peuples Asiatiques, p6n6trant en Egypte par l'isthme de Suez, que celle-ci a dft sa contamination, rench6rie plus tard par le va et vient continuel des Ph6nieiens. La lbpre r6gnait enEgypte bien avant l'exode d e s H 6 b r e ux qui l'y out contract6e. La d~monstration de ce fait est donn6e par les historiens Manethon et H~rodote. L'~minent egyptologue B r u g s c h P a s c h a prouva que la lgpre existait en Egypte du temps d ' U s a p t i , cinqui~me roi d'Egypte, qui r6gna 2400 arts avant J. Ch. Dans le papyrus d'Ebers, les plus ancien document ~crit, d6couvert duns la ngcropole de Thebes et remontant ~ 1550 ans avant J. Ch. c'est-~-dire s mille ans avant Hippocrate, on trouve une description qui s'applique s la l~pre. D'apr~s Manethon, la l~pre a 6t6 la cause de l'expulsion des H6breux du centre de l'Egypte par les Pharaohs. Tacite est du m6me avis (Hist. L. b. v.). Donc la lbpre ~tait tr~s connue en Egypte dgs la plus haut eantiquit6.
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Selon le papyrus de Brugsch Pacha, d4pos~ au Mus~e de Berlin, le Pharaon Am6nophis interrogea les devins sur lu mani~re dont il devait se prendre pour invoquer rapparition d'Ammon, son ancStre, comme l'avait d~j~ fair Horos. Les voyants repondirent: purgez d'abord votre pays des 1~ p r e u x et des impurs. Et alors, ceux-ci ramas6s au hombre de 80 m i l 1e furent transport~s dans l es carri~res de Tourah, k Sinai. Plus taM, par faveur du souverain, ils furent autoris~s habiter la ville Av.aris duns le Delta, construite par les rois Pasteurs, et rest~e inhabit~e depuis leur expulsion. Ces 16preux impurs constitu~rent la colonie de T a r 6 s d'o~ Osarsyph fit l'exode, sous le r~gne de S6ti ij. (Masp4ro.) La l~ple figurait parmi les miracles que pratiqua le pr~tre Os~rsyph, c'est-~-dire Moise, devant Pharaoh, sur l'ordre de l'Eternel pour obtenir pour le peuple d'Israel l'autorisation d'aller sacrifier duns le d~sert. L']~ternel dit h Mo~se ,mets t~ main clans ton sein, puis tire la; et la main etait blanche de l~pre. Remets ta main duns ton sein; retire la; et elle 6tait revenue comme sou autrc chair." Or, pour aecomplir ce miracle - - enseign6 par l']~ternel M o i s e , - devant Pharaoh, il fallait bien que la lgpre ffit trgs connue en Egypte ~ cette gpoque; sans quoi Pharaon n'aurMt pus ~t~ en ~tat d'appr~cier le miracle. La lbpre s6vissait donc en Egypte bien avant rexode et existait parmi les H~breux de l'exode avec bien d'autres maladies cutan~es confondues avec elle. On suit avec quelle s~v6rit~ elle 4tait combattue par les lois mosaiques. Les l~preux 41oign6s du camp avaient lear v~tements d6chir~s et devaient crier impurs. La s(ear mgme de Moise, Marie, en rut chass6e sur l'orde de l']~ternel. ,,Alors Marie et Aaron parlgrent contre MoXse ~ l'oceassion de la femme qu'il avait prise, parce qa'elle ~tait Ethiopienne. La colgre de l't~ternel s'alluma contre eux; et voici Marie devenue l~preuse et Mo~'se cria h l't~ternel: O~ D i e u f o r t , gu~ris la, je te prie. Et l'Eternel r~pondit . . . . . qu'elle demeure enferm~e sept jours hors du camp. '~ Apr~s quoi elle y fat reque, gu~rie. 1~*
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Maintenant~ la syphilis aussi existMt en Egypte sous les Pharaohs; nous l'avons prouv~ pi~ces en mains, ainsi qubn le verra plus loin en constatant sur lea os provenant d'antiques n~cropoles~ des 16sions syphilitiques. Certainement les H6breux en ont aussi souffert. I1 est dit dans la Bible: Mo~se ayant su que les filles Mohabites avaient infect6 le camp des H6breux fit ex6cuter 24.000 Juifs, pour en pr6venir la diffusion, pour arr~ter la propagation de la m a l a d i e d e s o r g a n e s g 6 n i t a u x . I1 fit ~trangler ~ussi toutes les femmes M~dianistes, n'6pargnant que lea vierges qui ne pouvMent en 6tre infect6es. Cette maladie de B a a l t e o r , qui a s~vit darts le camp de Moise 6tait d'une eontagiosit~ excessive et se transmettait t o u s l e s membres d'une famille d'apr~s l'historien Josephe F l a v i u s . (Les antiquit~s juives). C'~tait la syphilis selon d'Hamonic (Des maladies v6n~riennes chez lea H~breux, ~. l'@oque de la Bible). David n'en aurait pas 6t6 ~pargn& Car il chantait sur s~ harpe: Gu~ris moi, t~ternel. Mes os s o u r f r a p p e s . La n u i t j e n ' a i p a s de r e p o s . 51 n'y a rien de sain dans ma chair. (Chap. 38.) Selon Hamonie et Gallico, David ~tait syphilitique. D'autre part, s propos de la l~pre des H6breux, dont il y a rant de d~tails dans la Bible, on dolt savoir que ]e mot tzaratsath par lequel on la d~signait, signifie i n s e n s i b i l i t 6 . On salt que celle-ci constitue un des sympt6mes les plus caract~ristiques de la maladie. Job aussi a ~t6 consid6r~ tantSt comme syphilitique~ tant6t eomme l@reux; selon Votable d'Egypte, Pineda, Ulrich de Hutten, Guy-Patin . . . , il ~tait syphilitique. Patin dit clairement dans sa lettre 370e du 15. septembre 1665, que David, S~lomon et Job avaient la v~role et il ajoute: C'est chose certaine que la grosse v~role ~tait fort connue en Europe avant que Charles VIII alls ~ la conqu~te de 7Naples. Selon Guillaumet aussi~ les Juifs ~taient pourris par 1~. syphilis. Les victimes de la syphilis, apr~s que celle-ci ffit bien reconnue comme entit~ morbide~ invoquaient St. Job pour ~tre gu6ries.
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I1 y avait m~me une m e s s e St. J o b c o n t r a m o r b u s g a 11 i c um. (Traduction des opuscules de Grumbeck, imprimSs en 1496, Cor]ieu, Paris 1884.) Le Dr. H a m o n i c soutint aussi que Sara transmit ]a syphilis, grace ~ son complaisant marl, ~ Pharaoh qui rut frapp6 de grandes plaies, ainsi qu'hbimalech, roi de Guerae. B. B e l l dit aussi, dans son trait~ de la gonorrh6e et du Lues venerea. (Edimbourg 1793.) ,Bien des preuves 6tab]issent que la syphilis ~tait connue dans l'ancien continent, et qu'elle a s~vi chez les Juifs, les Grecs et les Romaines. ~ Pour plus de d~tails 6difiants, on consultera les remarquables travaux du Dr. B u r e t, sur l'aneiennet~ de la syphilis~ le livre de Ribeiro S a n c h e z (Dissertation sur la maladie v~n~rienne dans laquelle on prouve qu'elle n'a point 6t~ appori~e d'Am6rique, 1750)~ e t n o s propres publications et nos communications ~ l'Acad6mie de m~decine de Paris.) On dolt rendre justice h trois savants: D a n i e l s s e n , B o e c k et V i r e h o w , qni ont combattu scientifiquement et cliniquement la grande contagiosit~ de la l~pre. Jusqu'h eux, on tremblait ~ l'approche d'un 16preux qui, par son contact, par ses effets, par son haleine, pouvait i p s o f a c t o transmetlre la maladie. Ces grands m~decins ont d~truit cette fable. (Voir la contagiosit6 de la l~pre en l'6tat de la science par D. Z a m b a e o P a c h a , 1908. Masson, Paris. Feu D an ie 1 s s e n, que j'ai eu l'honneur de voir s Bergen, m'a affirm~ ce que je viens d'~noncer. I1 admit que cette erreur, comme je l'ai souvent r@6t6 dans rues publications, ~tait due surtout ~ la confusion de la l~pre a v e c l a syphilis et lu gale que le premier diff6rentia. Pour prouver s quel point la l~pre ressemble, parfois, la syphilis et combien l'on dolt ~tre sur ses gardes~ je citerai le fair suivant: Un matin, pendant ma visite ~ l'hbpital St. Georges de Bergen, apr~s que l'~minent l@rologue nous a montr~ les plus int~ressants 16preux de son service, on amenu une nouvelle malade couverte d'une 4ruption cutan~e ind~cise, et pr4sentant des ulcerations ~ l'arri~re gorge. I1 se faisait tard. D a n i e l s s e n nous dit ~ ~ mon regrettg eamarade Conslantia Paul,
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membre de l'Acad~mie de Paris, qui m'accompagnMt, et moi - - apr~s avoir jet6 un coup d'oeil rapide sur cette iemme: Elle peut ~tre 16preuse ou syphilitique. Nous l'examinerons attex~tivement demain matia pour poser notre diagnostic; car ces deux maladies se ressemblent tellement, quelquefois, que l'erreur est possible et m~me facile pour Ies non initi6s." Pour notre part nous avons insist6 duns tous uos travaux sur la ressemblance souvent embarrassante de ees maladies que j'appelle l e s d e u x s e e u r s en m o r b i d i t 6 . Nous avons ins6r6 dans notre livre, L e s 16 p r e u x A m bulants de C o n s t a n t i n o p l e , plusieurs chromo-lithographies, qui justifient jusqu'~ un certain point, les erreurs de diagnostic commises parfois par des confreres, tr~s distingu~s d'ailleurs, qui n'ont pus eu roccasion d'6tudier suffisamment la syphilis et ]a l@re. A la vue de certaines de nos belles aquarelles reproduisant fid~lement des manifestations cutan6es, des 6ruptions, des ulc~res et des 16sions buccales de la l~pre (de la langue, du palais et de l'arri~re gorge) le professeur F o u r n i e r, l'illustre syphilographe, s'est exclam6, m a i s c ' e s t de la s y p h i l i s . On peut dire que la confusion de lu ]~pre et de la syphilis 6tait forc6ment commise jusqu's F r a c a s t o r ; et toute 16sion profonde de la peau syphilitique et meme vulgaire, 6tait qualifi6e de l@re. Voici en deux roots un fair 6difiant sur la soitdisant 1 5 p r e g l o b a l e des anciens: ,,Un Bachelier appel6 ~ donner ses soins ~ une dame a t t e i n t e de l ~ p r e ne put r6sister aux appas de sa cliente. I1 contracta la maladie ipso facto e t d e v i n t l ~ p r e u x . (Gordon.)" Une telle rapidit6 dans 1~ transmission de la l~pre ne fat jamais admise m~me par les plus ultra-contagionnistes. :[1 s'agissait donc certainement de syphilis dont le baehelier pr~senta les symptomes avec prolixit6. La syphilis r6gnait duns l a C a m p a n i e c'est-~-dire Naples, bien avant la fin du XVi~me si~ele. Nous ne pouvons pas nous 6tendre outre mesure sur la :'essemblance et la confusion de ces deux maladies, la l~pre et la syphilis, duns l'~ntiquit6. Nous ajouterons k tout ce qui pr~c~de, d'abord les recherches de V i r c h o w , B r o c a , O l l i e r ,
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P a r r o t sur des squelettes pr6historiques portant des 16sions osseuses syphilitiques incontestables, et sur la constatation de m~mes l~sions sur les os provenant des cimetiSres d'anciennes ]6proseries off l'on n'enterrait que des 16preux exclusivement; ces eonstatations out ~t6 faites par L a n c e r e a u x et Z a m b aco. Peat-il avoir une meilleure preuve qu'il y avait, dans les l@roseries, de vrais syphiliticlues? Les savantes publications du Dr. B u r e t (La syphilis chez les anciens, s travers les ages 1890 et le gros real du moyen age 1894) sont 6difiantes. Enfin de vieilles sculptures et la vieille c6ramique de l'ancien e t du nouveau continents reproduisent, parfois d'une mani~re tr~s grossi~re mais claire, des mutilations de la face qui peuvent tout aussi bien appartenir s la l~pre qu'k la syphilis. L'illustre V i r c h o w a reconnu la l@re sur des poteries de Huaco (P6rou). Le Dr. C a p i t a n , membre de l'Aead6mie de m6decine de Paris, pr6senta acette docte compagnie quatre vases P6ruviens Pr6incasiques qui reproduisent des mutilations de la face. E l l e s s o n t 1 6 p r e u s e s ou s y p h i l i t i q u e s . (Presse m6dicale, 10 juillet 1909.) Le Dr. Kronfeld pr6senta k la Soci6t6 Imp6rio-Royale de u le 18 juin 1909, un vase grec du VIIi~me siScle avant ]e Christ reproduisant deux femmes la v e r t u e t ] e vice. Celle qui incarne ce dernier a des ulc~res serpigineux sur les bra.s et les jambes, qui, selon l'honorable confrere, peuvent ~tre consid6r6s comme des stigmates de l~pre ou de syphilis. (Chronique m6dicale p. 501.) Les anciens Mexicains awient deux sortes de B u b a s : la n a n a u a l t qui ~tait la l@re, et ]e P a c h o n a n a u a l t qui 6tait la syphilis, deux maladies confondues ensemble. (Dr. B a f f o u r , ' th~se de Paris, La m6decine chez les Mexicains Prdco]ombiens, 1900.) I1 y a u n e trentaine d'ann6es, on d~eouvrit k Arica (P~rou), trois cranes portant des 16sions syphilitiques manifestes, lls 6taient de l'6poque Pr6eolombienne. Ils furent pr6sent6s k la Soci6t6 d'knthropologie de Paris par B r o c a e t P a r r o t.
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De pareilles trouvailles out eu lieu .~ Guayaquil (Equateur), et dans les stones graves de Tenessee darts les Mounds de Iowa de l'Illinois et sur un crane de Paraderos de la Patagonie. B r o c a consid6ra toutes ces ]6sions comme syphilitiques. La conclusion ~ tirer de tous ces fairs c'est que la ]~pre et la syphilis sont ~ussi anciennes l'une que l'autre et que toujours confondues ensemble, elles ont exist6 d~s la plus ]mute antiquit6 dans l'ancien et dans le nouveau continent et qu'aucun de ceux ci n'a contamin6 l'autre. Les Chinois connaissaient 6galement la l~pre et la syphilis 2600 ans avant le Christ et qui sait ~ quelle date. G. R a y n a u d arriva ~ ]a m~me conclusion dans une conference fMte s l']~cole des hautes 6tudes, en avril 1898. Enfin, tout derni~rement le Dr. A s h m e n d de Pensylvanie publia, dans l'American Journal of Dermatology (octobre 1910), sous la rubrique Utosie syphilis and some others things of interest to Pal6o-American Medecine, as represented on the Huaeos potteries of old Peru), d'int6res~antes informations sur la vieille c~ramique de ees pays primitifs, avec reproductions en gravures. Les mutilations du nez et des l~vres sont tr~s 6quivoques. L'auteur les attribne h la syphilis. Quant ~ nous, apr~s examen attentif, nous n'osons trancher la question, ni en faveur de la syphilis, ni en faveur de la l~pre. Le Dr. Velez L o p ez publia un travail analogue clans lt~ Cronica medica de Lima, sur la c6ramique provenant de~ fouilles des ruines. (Novembre 1909.) I1 trouve dans les mutilations y figur6es des marques 6videntes de syphilis. Des poteries provenant des fouilles de S6pultures de Incas de Moquequa (P6rou), ant6rieures s la eonqu~te Espagnole, repr6sentent ~galement des individus avec mutilations de 1~ face que le Dr. M o n t 6 n ~ g r o attribue h lav6role. Mais rien ~e prouve qu'~l ne s'agit pas, tout au moins pour quelques unes de ces mutilations, des effets de la l~pre. On dolt rester dans le doute quant k la maladie qui a d6termin6 ces ]6sions, comme pour certains tableaux du moyen ~.ge, oeuvres de grands peintres repr~sentant des sc~nes de miracles o~t figurent des Saintes, des Saintes et des Estropi6s (Haas Holbein le vieux repr6sentant St. Elisabeth, Alber Diirer,
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ttans Burgkemair, Vanokley). De telles toiles existent aussi aux mus6es de Florence et de Naples. Elles sont dues ~ Donzello, Conimo, Boselli. Enfin Rubens et Raphael ont repr6sent6 des estropi6s 16preux ou syphilitiques. Ce dernier dans les cartons destin6s aux tapisseries de la chapelle Sixtine, qui se trouvent au British Museum, fait figurer des estropi6s i6preux ott syphilitiques. Tous ces miracles s'op6raient sur des 16preux ou bicn sur des syphilitiques confondus avee eux? A en juger par les peintures, les uns et les autres avaient leur part. Plusieurs de ces tableaux ont attir6 l'attention de V i r c h o w , C h a r c o t et Paul R i c h e r , Henri M e i g e (La l~pre dans l'Art et Iconographie de la Sa]petri~re). Une grande erreur accr6dit6e, m6me parmi les hommes de science, c'est que la ]~pre ne fit son apparition en Europe qu'aprSs le retour des Crois6s de la Palestine. Cette accusation est aussi injuste que cel!e dirig6e contre l'6quipage de Christoph Colomb rentrant en Europe en 1492, et concernant la syphilis; t o u s l e s deux fl6aux s6vissaient en Europe, nous ignorons exacta~:ent depuis quand; mais dans tous les cas bien avant les exp6ditions fructueuses vers le nouveau continent, et les aventureuses 6quip6es des crois6s. Et d'abord les preux chevaliers n'6taient-ils pas plut6t pourris par ]a v6role, clue ]6preux? Et pourtant on d6non~ma leur m a 1 a d i e s a c r 6 e ! et la preuve c'est pr6eisement cette grande contagiosit6 de ]eur maladie, soit disant l~pre, qui pouvait se transmettre r a p i d e m e n t par les baisers: les verres, ]es cuillers: et surtout par le co~t; ce que les 16pro]ogues s6rieux et experts n'ont jamais ~u. C'est encore uue erreur que de soutenir que la l~pre n'a fait son apparition en Italie que lots du retour de Pomp~e de Syrie l'an 730 avant le Christ. L'Italie 6tait d6j~ infeet6e depuis longtemps par les Ph6nieiens, ainsi que l'Iberie, la France, la Grace . . . . Nous ne pouvons insister longuement sur ce sujet. Les limites de ce travail nous imposent d'etre bref. Mais nous consignerons ici quelques dates qui suffisent pour faire triompher la th~se que nous soutenons.
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Pour ce qui concerne les crois6s, nous ferons remarque~ que le concil d'Orl6ans tenu en 549 et celui de Lyon r6uni en 583, se sont occup~s de la l~pre, ainsi clue celui de Worms, tenu bien plus tard, en 868. Selon uu scrutateur patient, le Dr. B r a d a . . . . la premiere l@roserie flit fond~e en France, s St. Ouen, en 460; et la seconde ~ Chalon sur Sa6ne en 570. Selon V i r c h o w , une l@roserie fut fond~e ~ Metz en 636; et d'apr~s B e r g m a n , il en fat organis6 u n e sous le roi Dagobert IlI ~ l'huiti~me si~cle en 712 ou 714. En 770 le Pape Etienne III mena~a Charlemagne de l'exeommunier s'il ~pousait la fille du roi des Lomb~rds Rotarhis, ,et mSlait ainsi le noble sang des Fran~ais avec celui des pertides et l@reux Lombards". En Irlande on constata 1~ l~pre en 869. La premiere l@roserie rut fond6e en Angleterre, ~ York, Fan 936, selon B r a s s a c . Des r~glements draconiens punissaient de mort lcs plus 16g~res infractions. (A r n o t t s, History of lepra Edunbourg.) Le Pape Gr6goire II (715 h 731) ordonna d'accorder ]a Ste. Eucharistie aux l@reux. P@in le Bref et Charlemagne exigeaient pour le divorce entre @oux l@reux et sain, le consentement de tons les deux conjoints, en 789. Tandis que le Pape Etienne II (752~757) ~mit un d6cret qui d~fendait la s@arafion d'un l~preux, lorsque l'autre conjoint 6tait sMn. Dans le pays de Galles, une loi confirm~e, par le P~pe Etienne VIII (940) privait de l'h~ritage les enfants de lear p~re entr5 dans une l@roserie. Une autre loi condamnait s mort la femme devenue enceinte apr~s sa s6questration. On la brfilait ~vec l'enfant. (Brassac.) Mais avant routes ces mesures prises contre la l~pre~ et qui prouvent son existence ~vant la premiere croisade, avant 1096, il y a l e fait certMn que l'empereur Constantin, dit le Grand, 6tait l~preux. I1 r~gna ~ Rome l'an 306 et fur le grand d~fenseur du christianisme. Voici s~ 16gende: Constantin (Aurelius, Flavius. Valerius) ills de l'empereur Romain Constant Claude, de Thrace, et d'une femme de b~sse condition, H61~ne, sa concubine, fur proclam6 empereur Romain en 306. A t t e i n t d e la l ~ p r e , il h i fur conseill~ d'avoir
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recours i~ un moyen h~roique, efficace, pour obtenir sa gu6rison: de prendre un bain de sang de vierges! Ce serait entre 311 et 312. Sylvestre premier 6v6que de Rome, pour pr6venir un tel massacre, et servir en m~me temps, sa propre cause, le persuada qu'un bain pris dans le Jourdain, 6tait le seul moyen capable de le d6barasser de cette horrible maladie qui le faisait cruellement souffrir. I1 se fit done chr6tien. Faut-il ajouter que cette promesse fallacieuse he se r6alisa pas? I1 resta 1 6 p r e u x . Mats aussi il ne fur baptis6 qu'~ 63 ans, en Nicom6die, ~ Aehyron, peu de temps avant sa mort, Pan 330, par Eus6be, 6v6que de eette ville. Or, la 16pre existait ~ Rome lors du r6gne de Constantin. Elle faisait des ravages aussi dans Rome la nouvelle, Constantinople off ron fonda plusieurs 16proseries. La fille de Constantin rut aussi 16preuse.
Lesions osseuses syphilitiques datant des temps des Pharaohs. En fouillant dans un tas d'ossements provenant des N6cropoles Pharaoniennes de N6gadahsud, d'Abydos, de Thebes et de Bait-Allan que l'6minent administrateur des Mus~es Egyptiens M. Masp6ro, a mis ~ notre disposition, nous avons 6t6 surpris et hereux de trouver, men ho~ orable confr6re, le Dr. F o u q u e t d u C a i r e et mot, des 15sions appartenant, manifestement, les unes ~ la syphilis, les autres ~ la tubereulose et au rhumatisme chronique. Une communication de ces trouvailles, avec photographies l'appui, a ~t6 faite par nous au congr~s international de M6decine de Moscou en 18961 et une autre, enrichie de nouvelles recherches ir!entiques, post~rieures, s l'Academie de M~decine de Paris, le 3 juillet 1900. Six ans apr~s que nous avons affirm~ et 4tabli le fair inattendu de rexistence de la syphilis dans l'antique Egypte, le professeur L o r t e t , doyen de la Facult~ de m~deci, e de Lyon, faisant de nouvelles fouilles constata 6galement des 16sions identiques et conclut dans le m~me sens que nous. I1 en fit une communication s l'Institut de France, corroborant
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aiusi nos propres conclusions. Je dirai en peu de mots en quoi eonsistaient ees 16sions osseuses reneontr6es soit par nous, soit par le professeur L o r t e t. Les cranes portaient des signes eertains d'osteite poreuse sur les pari6taux; d'ailleurs la table externe avait compl6tement disparu, et un cerele de r6paration limitait la perte de substance qu'on ne pouvait, par cons6cluent, attribuer /~ des violences externes pratiqu6es par les op6rations des fouilles. Nous avons eonstat6 aussi des exostoses sur les os des vofites er~niennes. Sur d'autres tgtes nous avons vu des placards rugueux en 6cumoire, eomme vermoulus. Certains f6murs et tibias, leurs diaphyses restant normales, pr6sentaieng ~ leurs extr6mit6s hypertrophi6es et vohmineuses des bosselures exostosiques dont plusieurs d6t6rior6es laissent ~ d6couvert un tissu spongieux; les extr6mit6s artieulaires, elles m~mes 6taient normales. Les extr6mit~s des p6ron6s, 6galement seules atteintes, 6taient hypertrophi6es, gonfl6es, volumineuses et soud6es, tnnt en haut Clu'en bas, aux extr6mit6s eorrespondantes des Tibias. Les hum6rus du m6me squelette sont sym6triquement atteints de la m6me fagon que les f6murs: ils sont hypertrophi6s tumufi6s, irr6guligrement bossel6s au voisinage des tgtes de ees os dont les surfaces artieulaires restent normales, ainsi que les diaphyses et les extr6mit6s inf6rieures. Le eubitus gauche du mgme sujet pr6sentait, ~ son tiers inf~rieur, plusieurs petites exostoses, et son extr6mit~ carpienne est, trgs gonfl6e, mamelonn~e. Trois crhnes pr~sentaient les mgmes lgsions. Mais les alterations des os longs~ nous ne les avons reneontrges que sur un seul squelette. Notre diagnostic r~trospectif fur syphilis. L'6minent professeur L a m e l o n o n g u e appuya de toute son autoritg notre opinion. On sait que la compgtence de ce grande maitre ne saurait ~tre eontest~e. Tout le monde connait sa haute situation scientifique. Parmi ses remarquables travaux, si nombreux, figurent ses gtudes sp6eiales sur la syphilis osseuse. Quelques ann6es aprgs, des alt6rations osseuses constat6es sur d'autres squelettes des @oques Pharaoniennes, par le
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professeur L o r t e t , 6taient pareilles s celles que nous avons bri~vement expos6s ci-dessus. C o n e 1u s i o n : La syphilis s6vissait dans l'antique Egypte. :Nos constatations d6montrent math6matiquement l'existence bien ancienne de la v6role dans l'ancien continent, et annulent route assertion coneernant l'introduction de la maladie en Europe par ChrisLophe Colomb. Enfin sur d'autres os, provenant de m6mes N6cropoles, nous avons vu des d6gs manifestes de la colonne vertebrale que l'on ne saurait imputer qu'au real de Pott, c'est ~-dire la tuberculose. Les limites de ee travail nous d6fendant de nous 6tendre outre mesure, nous nous en arr6terons l~. Nous nous bornerons s signaler les assertions figurant dans les plus anciens documents Pharaoniens, qui bien que tr~s vagues, se rapportent manifestement ~ la tuberculose. Les lois mosa'iques, concernant l'alimentation, d6notent aussi 16s pr6cautions prises contre la tuberculose : P r o h ib i tion des viandes impures. Le Talmud pr6scrit un examen s6v~re des animaux tu6s pour la consommation alimentaire. I1 6tait d6fendu de se nourrir de la chair de ceux qui pr6sentaient des ]6sions pu]monaires pleur6tiques. Les ]6rites devaient inspecter minutieusement tout animal abattu et insufler ses poumons, pour en constater l'int6grit6. Grace ~, toutes ces pr6cautions dont l'applieation continue, la tuberculose aurait, de tout temps, moins s~vi chez les Juifs. Elles out pr6c~d4 de beaucoup les r6glements actuels des abattoirs dans les pays civilis6s, appliqu6s sous la surveillance des inspecteurs v~t~rinaires nomm~s par le gouvernement. Donc, la tuberculose ~tait connue du temps des tI~breux. I1 est superflu de dire que les m6decins de la Grace antique ne l'ignoraient pas. Or, ]a l~prose, la syphilose et la tuberculose, trois maladies baeillaires iufectieuses, ont constitu6, d~s la plus haute antiquit6, trois fl6aux qui ont s6vi sur l'humanit6 depuis sa cr6ation.