Med Chir Pied (2004) 20: 33 © Springer 2004 DOI 10.1007/s10243-004-0015-y
IN MEMORIAM
Paul Galmiche (1914–2004) Le professeur Paul Galmiche est décédé en son domicile nîmois, le 26 avril 2004 à l’âge de 90 ans. Sa carrière médicale au sein des hôpitaux de Paris suit le cursus habituel : externat (1934), internat (1938), assistanat (1946). Nommé Médecin des Hôpitaux de la région de Paris en 1953, il occupe entre 1957 et 1979 à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine le poste de chef de service de médecine générale (90 lits) comprenant dans un bâtiment annexe une extension d’une quinzaine de lits de rhumatologie. Le service de consultation de cet hôpital porte actuellement son nom. Ce grand médecin interniste attiré très tôt par la pathologie ostéo-articulaire est admissible en 1955 à l’agrégation de Médecine section rhumatologie. Le Conseil de l’Ordre entérine sa compétence dans cette discipline en mai 1959. En 1974, il est élu président de la Société française de rhumatologie. Se révélant excellent organisateur, on lui confie l’administration de l’hôpital de Neuilly de 1969 à 1979 et il est appelé à la présidence du secteur hospitalier de Paris-Ouest et à la vice-présidence du Conseil de gestion des hôpitaux de l’Île-de-France. La liste de ses travaux scientifiques est impressionnante. Sans compter ses conférences d’enseignement post-universitaire à l’hôpital Broussais et dans de nombreux hôpitaux de la région de Paris, ses cours au Collège de médecine en tant que professeur associé et ses communications auprès des sociétés savantes, il participe à la rédaction de grands Traités Médicaux. Paul Galmiche est l’auteur de : – 225 publications dans les principales revues françaises et les annales des congrès internationaux : • 143 concernent sa spécialité. Citons en particulier celles relatives à l’enzymologie rhumatismale et celles consacrées à la cortisone, rédigées en collaboration avec le professeur F. Coste dont il fut l’assistant à l’hôpital Cochin de 1947 à 1957 ; • 50 se rapportent au pied. En effet, Paul Galmiche retrouve à cette époque son ami et camarade Jean Lelièvre alors assistant du professeur Merle d’Aubigné, chef du service d’orthopédie de l’hôpital Cochin. En 1952 Jean Lelièvre publie un très beau livre intitulé « Pathologie du Pied » dont le succès auprès de ses confrères chirurgiens belges, espagnols et italiens l’incite à fonder en 1958 le Collège International de Podologie (CIP), institution qu’il veut multidisciplinaire. Paul Galmiche et quelques médecins français d’horizons très divers (phlébologie, médecine physique, radiologie, etc.) y adhèrent aussitôt, mais à titre individuel car Jean Lelièvre rencontre de la part de ses pairs une opposition absolue à la création d’une « branche française ». Son décès brutal en février 1969, à l’âge de 54 ans, met fin aux querelles parisiennes et Paul Galmiche peut enfin fonder le 28 novembre 1969 la Société Française de Médecine et de Chirurgie du Pied (SFMCP) dont il sera le président jusqu’en 1972. Pour marquer cet évènement, il organise au parc floral de Vincennes en juin 1971 le IXe congrès du CIP (90 communications, 17 pays représentés). Cette activité débordante de Paul Galmiche était soutenue par son besoin inné de connaître… et de faire connaître. Quand il prend sa retraite en 1979 en son beau mas du Pradet (Var), cette exigence ne s’émousse guère et pendant vingt ans il continue à publier sur le pied. Il ne s’agit plus d’articles mais de monographies portant sur des sujets les plus divers : « les pieds bots célèbres », « le pied gauche », « Alexis Godillot », « les monocrépides », « le pied et l’amour », « le pied dans l’art », « la reine de Saba », « podologie araméenne », etc. Véritables bijoux d’écriture, elles comportent des illustrations toujours très originales, souvent rares. Le fleuron de cette production littéraire et artistique est un livre « La Saga du Pied », paru en 1984, écrit en collaboration avec son épouse Jacqueline Galmiche. En 180 pages, les deux auteurs résument « … tout ce qu’il faut savoir sur le pied », de l’embryologie à la danse, en passant par le soulier chinois et l’érotisme de la chaussure de Cendrillon ! Tous les ans en décembre, depuis 1986, un laboratoire récompense le médecin ou le chirurgien qui a présenté le meilleur travail à une réunion de la SFMCP. Ce « Prix Paul Galmiche » est un hommage à ce pionnier de la podologie et une incitation à nos jeunes confrères à poursuivre son œuvre scientifique. Jacques MONTAGNE Ancien secrétaire général de la SFMCP Ancien Président du CIP