LES FORMATIONS VEGETALES DE LA MOYENNE VALLEE D U KABOUL ET DES MASSIFS M O N T A G N E U X D U NURISTAN (AFGHANISTAN) par J. C. HAYON,J. M. PELT & CH. YOUNOS Facultds de Pharmacie de Nancy (France) et Kaboul (Afgh.)
INTRODUCTION Situs au coeur de l'Asie, enti6rement continental puisque 45 ° km environ s@arent sa fronti~re mdridionale de l'Ocfian Indien, l'Afghanistan reste un pays peu connu et encore partiellement inexplord, bien que sa situation particuli~re aux confins du Moyen-Orient, de l'Asie Centrale et de l'Asie des Moussons en ait fait un pays ouvert aux influences les plus diverses, une zone de passage mais aussi de rencontre et de contact, parcourue depuis des temps immdmoriaux par les grands conqu~rants de l'histoire. Malgr~ sa superficie relativement modeste (635ooo km 2) en comparaison de celle de ses puissants voisins (Iran, U.R.S.S., Pakistan, Inde et Chine), l'Afghanistan poss~de une varifit~ de climats assez rare pour un pays d'Asie de cette dimension. L'Ouest, le Sud, le Centre et le Nord du pays (approximativement 95 % du territoire) poss~dent un climat que le rdgime des prficipitations permet de rattacher au type mdditerranden: dt~ long, sec et chaud, hiver froid et humide, suivi d'un printemps court mais pluvieux. Bien entendu, les variations d'altitude d~termindes par la prfisence au Centre du pays d'une puissante chaine montagneuse s'dtirant du Sud-Ouest au Nord-Est, entrainent une zonation tr~s caractfiristique du climat et de la v~g~tation. Par contre une petite portion du territoire (5 % tout au plus de sa superficie totale), jouxtant la fronti~re du Pakistan occidental, t~ l'Est du pays, est encore faiblement touch~e par la mousson d'Asie. HUMLUM, dans sa "Gdographie de l'Afghanistan" (I956), divise cette "r6gion des moussons" en deux zones d'altitudes tr~s diff6rentes, et qui recouvrent au total 4,9 % du territoire national (30.900 km 2) : Au Nord, les massifs montagneux de Nuristan. Plus au Sud, un systSme de rallies ouvertes vers l'Est, correspondant ~ plusieurs affluents ou sous-afftuents de 1'Indus (soit en parcourant la frontiSre pakistanaise du Nord-Est au Sud-Ouest, le Kaboul et son affluent le Kounar; ]e Kouram, le Kaitou et le Margha; enfin le Koundar et le Goumal).
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Plusieurs d6placements entre Kaboul et la frontihre pakistanaise (Passe de Khyber: Io3o m), et un voyage au Nuristan, nous ont permis d'observer la flore et la v4g4tation de ces r4gions et de nous faire une id4e de leur place dans des ensembles biog4ographiques plus vastes. Leur int4r~t essentiel r6side dans le fait qu'on y voit confluer le Moyen-Orient m6diterran6en et l'Asie des Moussons, la flore holarctique et la flore pal4otropicale, le d4sert et la for4t. PRi~SENTATION GI~NERALE DU SECTEUR I~TUDIE A. Situation g6ographique
Les observations rapport6es ici ont ~t~ effectu~es presque entihrement dans l'ancienne province orientale du Nangarhar (ou Machriki), aujourd'hui divis4e en trois r4gions administratives: Jalalabad, Chagha-Sarai et Laghman. La frange orientale de la province de Kapisa entre 6galement darts la zone 6tudi6e. Celle-ci englobe la totalit6 du Nuristan et une partie de l'Afghanistan des Moussons (au sens de HUMLU~,~), c'est-~-dire la vall6e moyenne du fleuve Kaboul 5 partir de Sarobi, ainsi que ses affluents (le Sourkhab sur la rive droite, l'Alingar et le Kounar sur la rive gauche). Nous avons choisi, 5 l'Ouest, l'altitude de 1200 m comme point de d4part du territoire 6tudi6 (voir ci-dessous). A cette altitude te fleuve Kaboul sort de gorges &roites, encaiss6es et tr& abruptes taill6es dans des Gneiss pr~cambriens (gorges de T a n g h i - G h a r o u et de Mahi-Par); la route qui suit ce m4me parcours y perd brusquement de t' altitude, passant de la cote 17oo , ~ l'entr6e des gorges, ~ la cote 12oo 5 la sortie. La vall4e s'ouvre, et le Kaboul re§ok du Nord un affluent important: le Pandjchir. La route quitte alors momentan6ment le fleuve, travers6 par deux grands barrages de construction r4cente, et serpente ~ travers les molles ondulations de vastes conglom4rats miochnes, jusqu'5 Sarobi (IOOO m). A partir de cette ville, la route et le fleuve s'engagent 5 nouveau dans une longue gorge de 25 km environ pour d4boucher finalement dans la vaste cuvette alluviale de Jalalabad. Le Kaboul re~oit le Kounar 5 la sortie de cette ville (594 m), et poursuit sa course vers l'Est/~ travers un large bassin. Puis, la route quitte le fleuve et monte vers la Passe de Khyber, tandis que le Kaboul s'engage en direction du Pakistan et de l'Indus dans des gorges 4troites situ6es 5 une vingtaine de kilomhtres au Nord de ce cot, entre les massifs du S6fid-Koh au Sud, et l'HindouRadj au Nord. Au Sud, la vall4e du Kabout est entihrement bord6e par la puissante chalne du S6fid-Koh (476o m), qui lui est parallhle et dont la ligne de crate marque la fronti6re afghano-pakistanaise.
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Au Nord, plusieurs chalnes perpendiculaires ~ la valise de Kaboul (et donc orientSes Nord-Sud) se d&achent de la chaine centrale de l'Hindou-Kouch, orientSe elle-m~me Sud-Ouest - - Nord-Est. Entre ces hauts reliefs se creusent de profondes vallSes parcourues par les deux grands affluents du Kaboul (l'Alingar, le Kounar et leurs sous affluents). Ce massif montagneux qui reprSsente le versant Sud de la ligne de partage des eaux de l'Hindou-Kouch est appel~ aujourd'hui Nuristan "Pays de la lumi~re", allusion ~ son islamisation rScente. Jusqu'au si~cle dernier, on l'appelait Kafiristan. A l'Est, le Nuristan est limits par la chaine de l'Hindou-Radj, dont la ligne de cr~te sSpare l'Afghanistan du Pakistan. Cette chaine, qui culmine k 3.46o m, borde du Nord-Est au Sud-Ouest la large vallSe du Kounar. Ainsi ttSlimitS, ee territoire se divise en deux secteurs nettement distincts: - - La moyenne vallSe du Kaboul, et principalement la vaste cuvette de Jalalabad, est un axe de passage tr~s frSquentS, sur la grande route qui relie t'Europe, le Moyen-Orient et le Turkestan aux Indes. La Passe de Khyber, toute proche, marque d'ailleurs la limite gSographique entre le MoyenOrient et le sous-continent indien. Le Massif du Nuristan (ou Kafiristan) est au contraire situs l'Scart des grands courants de circulation, puisque aucune route carrossable ne traverse l'Hindou-Kouch ~ l'Est du col de Salang 1). I1 n'est pas Stonnant dans ces conditions que le Nuristan ait v~cu pendant des si~cles repliS sur lui-m~me. Islamisdes seulement au si~cle dernier, donc plus de I ooo ans apr~s Kaboul, les populations de ces rSg~ons ont conservS vivantes bien des traditions anciennes qui posent d'Spineux probl~mes aux ethnologues et aux linguistes. -
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B. Itln6ralre p a r c o u r u
Nous avons circulS plusieurs fois (en I964 et en I967) Ie long de l'axe K a b o u l - - J a l a l a b a d - - P a s s e de Khyber. En aoflt I964, nous avons remontd la vall6e du Kounar de Jalalabad (594 m) ~ Barikot (Io5o m), petite agglomSration situde ~ 168 km au Nord-Est de cette ville, ~ la fronti~re pakistanaise. Notre itindraire quitte alors le Kounar qui pdn~tre en territoire pakistanais vers la ville de Tchitral, et s'engage dans la vallSe adjacente du Bachgal jusqu'k Mondagal (km: 213, altitude 145o m), /~ une dizaine de kilom~tres apr~s Kamdech-Bas. La proximit6 de la fronti~re pakistanaise avait fait, jusqu'en 1) Ce col situ6 au Nord de Kaboul, £ 3363 m d'altitude (tunnel routier), est la derni6re voie de passage Nord-Sud de l'Asie jusqu'au Nfpal.
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1964, de la moyenne vallde du Kounar (~ partir de Chagha-Sarai') et de celle de son affluent le Bachgal, une rdgion peu accessible aux &rangers; ce qui explique le peu de renseignements que l'on poss~de sur ce secteur. C'est donc ~ ces deux vall6es que nous limiterons nos observations en les comparant ~ la vall6e du Kaboul plus m6ridiohale.
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C. S o u r c e s de d o c u m e n t a t i o n et b i b l i o g r a p h i e
Plusieurs botanistes avaient ddjfl parcouru le Nuristan, mais en circulant surtout d a m la vall~e du Petch, autre affluent du Kounar: il s'agit notamment de KERSTAN, membre de l'exp6dition allemande dans l'Hindou-Kouch en t 935, EDELB~RG, membre d'une expddition danoise en 1948 , GILLI en I949 et en 1951 , NEUBAUER en 1951, et enfin KITAMURAparticipant ~ une expdditionjaponaise dans l'Hindou-Kouch en 1955. Le mat6riel r~colt6 par ces auteurs, ainsi que les herbiers d~.jk plus anciens, notamment ceux d'AITCHINSON, de GRIFFITH, etc., ont permis d'6tablir les premieres listes floristiques d'Afghanistan: "symbolae afghanicae" de KOlE & RECHINGER (I954----1965) "flora iranica" de RECI-IINCER (1963) , "flora of Afghanistan" de KITAMURA (1960). O n trouvera dans ce dernier ouvrage toute la bibliographie ant6rieure ~ I96O. Nous nous sommes aussi souvent reportds aux ouvrages floristiques plus anciens de BOISSlER pour l'Orient (I867--i888), de PARSA pour la Perse ( 1 9 4 3 1952), de BOULOUI~IoYpour Ie Liban et la Syrie (193o) et de HOOKER pour les Indes britanniques (1897). Ptusieurs &udes floristiques sur l'Afghanistan ont ~t6 pubti~es dans les anndes qui ont immddiatement pr6c6dd notre sdjour, comportant la description de nombreuses esp~ces nouvelles, en particulier de GILLI (I963 et 1964) , de HEDG~ & W~NDELBO (I963) , de KITAMURA (1963) , de RECHINGER & RIEDL (1962) et de WENDELBO (1963). Mais l'inventaire de la flore indigene est encore loin d'6tre termin6. Les dtudes sur la vdg&ation sont plus rares: LINCHEVSKY & PROZOROVSKY (1949) ont publi6 une importante revue des ibrmations v6gdtales de l'Afghanistan sur la base d'informations verbales, et de sources bibliographiques connues. Ces auteurs, en l'absence de toute expdrience du terrain, se contentent d'extrapoler, souvent avec bonheur d'ailleurs, des observations effectu6es dans les rdpubliques sovidtiques voisines de l'Afghanistan (Kirghizie, Tadjikistan). Seuls les auteurs allemands nous apportent quelques donn6es sur ces probl~mes, ayant s6journ6 chacun plusieurs anndes dans le pays. KERSTAN (1937) a ddcrit les for6ts de l'Hindou-Kouch. Puis NEUBAUER (I95I et 1954) et VOLK (1951 et 1953) ont propos~ les premieres 6bauches de synth~se en ce qui concerne ta couverture vdgdtale et les pfincipaux types de formation. H. PABOT (1959) a d'autre part publid une dtude importante des p~tturages naturels de l'Afghanistan. Enfin, une mission frangaise , rattachde au service du Professeur GAUSSEN~ Toulouse, et dirigde ~ Kaboul par Mon-
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sieur LALANDE1), travaille depuis 1966, dans le cadre de la Coopdration Technique, ~t l'&ablissement de la carte du tapis v6g6tal de l'Afghanistan. Les altitudes que nous indiquons ont 6t6 relev6es pour la plupart sur les cartes au 1/5oooo ° actuellement en cours d'61aboration par les services g6ographiques de Kaboul. Matheureusement le territoire afghan n'&ait pas encore enti~rement couvert par ces cartes, de sorte que certaines altitudes ont dfi 6tre relev6es, soit dans des ouvrages ant6rieurs tel celui de HUMLUM (I956), soit sur la carte au I/lOOOOOO° "India and Adjacent Countries" 6dit6e par les britanniques en 1917. D. Caract6rlstiques elimatlques Les renseignements que l'on poss~de sur le climat afghan sont encore minces et ne portent que sur quelques ann6es de r6f6rence. Pendant longtemps, Kaboul est rest6e la seule ville k poss6der une station m&dorologique. Nous utilisons, pour donner une id6e du climat de la r6gion &udi6e, les observations de STENZ (1946) reprises et compl6t6es par HUMLUM (1956) et VOLE (1953) , et surtout les donn6es r6cemment publi6es en France par NouR MOHAMMAD HERMAN (1965). Une 6tude r6cente de SELOD (1961) sur les bioclimats du Pakistan nous fournit en outre des donn6es concernant la haute vall6e du Kounar (vallde de Tchitral), qui permettront d'utiles extrapolations. a) PLUVIOMt~TRIE Le climat de la moyenne vallde du Kaboul et du Nuristan est essentiellement caract~risd par le fait que s'y font sentir ~ la Ibis l'influence m~diterran6enne et l'influence de la mousson d'Asie; aussi ces rdgions, contrairement au reste du pays, poss~dent deux pdriodes de pluviositd: l'une, tr~s nette, d'octobre ~ mai (incidence mdditerrandenne), l'autre, moins sensible, en juillet et aoflt (incidence indienne). I1 s'agit donc d'un climat de transition, au sens oh l'entendent BAUDIE~E & EMBERGER (I959) , comme le montre d'ailleurs l'analyse des courbes pluviom6triques annuelles: bien que les renseignements r6cents dont on dispose pour l'Afghanistan ne portent que sur 5 ann6es (HERMAN 1965) la comparaison des anndes 1962 et 1963 est tr~s suggestive; les pluies ont 6t6 beaucoup mieux r6parties ~ J a l M a b a d en 1962 oh l'influence de la mousson a 6t6 tr~s sensible, qu'en 1963 o2 seules ont 6t6 enregistrdes des pluies mdditerran6ennes (fig. i). 1) Nous tenons ~t remercier ici tout particuli~rement Mr. LALANDI~qui a bien voulu mettre ~t notre disposition sa biblioth~que et ses moyens de travail.
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1962 } JALALABAD Fig. 1 1963
Les relev6s pluviom&riques rdv~lent en outre des 4carts importants en rapport avec l'altitude et les accidents du relief. La fig. 2 r4sume la pluviom&rie moyenne des deux villes oh existent des stations m4tdorologiques: --Jalalabad (34 ° 26' latitude Nord, 7°° 28' longitude Est) est situde au fond d'une cuvette, ~ 594 m d'altitude; la pluviom&rie moyenne annuelle y est de 176 mm, avec une nette prddominance des pluies d'hiver et de printemps (type mdditerran6en dominant); les pluies d'6t4, en relation avec la mousson, sont £ peine sensibles, (28,6 m m en moyenne de mai ~ octobre), mais on note cependant un sommet de pluviomdtrie caract&istique en juillet (II m m en moyenne). Celui-ci fut particuli&ement net en 1962 avec 29,2 mm tomb& dans la m~me journde (fig. 2).
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D r o s c h (35 ° 34' latitude Nord, 7 I° 47' longitude Est) est situ~e dans la haute vallde du Kounar, en territoire pakistanais, non loin de Tchitral, & une altitude de I436 m. La / pluviom&rie annuelle atteint d~j& 458 mm, dont 77 O70 en hirer et au printemps (de ddcembre ~ mai, avec un maximum en avril) et 23 % en ~tfi (de juin & novembre). L'influence mfiditerrandenne domine donc toujours, mais la mousson apporte des pluies d'&~ qui, bien que faibles encore, modifient fortement le recouvrement v~gdtal (fig. 2). b) TEMPI~RATURE L'ouverture de ces rdgions aux masses d'air chaud venant de l'Ocdan Indien leur vaut des tempdratures plus cldmentes que dans
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le reste du pays; elle att~nue aussi le caract~re tr& continental du climat thermique, observable partout ailleurs en Afghanistan (sauf au Sud-Ouest, en territoire baloutche). Certes l'influence de l'altitude se fait ici encore nettement sentir. A J a l a l a b a d (594 m), la moyenne de juillet est de 33,3 °, et la moyenne de janvier de 8,3 °. Mais ~ Drosch (I436 m) ces valeurs tombent respectivement ~t 29,5 ° et ~ 3,7 °, Alors que la T ° ne descend jamais en dessous d e - - 5 ° ~Jalalabad, et que la moyenne des minima de ddcembre (mois le plus froid) y atteint +2,9, de fortes gel~es sont enregistr~es ~ Drosch avec une moyenne des minima de janvier de --o.3 et un minimum absolu de --12,2. Le hombre de journdes s~ches et ensoleill~es relevfies durant la saison la plus s6che est un facteur significatif, dont l'influence sur la v~g&adon est fondamentale. Malheureusement, il est extr~mement difficile de l'apprdcier. BAGNOULS& GAUSSEN(I957) ont &abli pour l'estimer un indice x6rothermique (en faisant une 16g~re correction en fonction de l'humiditd relative de Fair). Cette valeur tr& approximative est de 5 p o u r J a l a l a b a d (entre 2oo et 3oojours secs par an), de 3 - - 4 pour Drosch (environ i 5 o j o u r s secs par an).
C) TYPES DE CLIMAT
+ Classification de BACNOULSet GAUSSEN En se rapportant ~t la classification des climats proposde par BAGNOULS & GAUSSEN (1957) , les deux villes-tdmoin peuvent se classer ainsi: - - J a 1a 1a b a d: climat h~mi~rdmique chaud, ~ tendance mdditerranfienne (Type 2 A). Ce type de climat est tr6s aride, comme le montre l'indice d'ariditd de E. DE MARTONNE1), qui s'abaisse ici ~ 5 (l'~quivalent de celui de Gafsa au Sahara septentrional). I1 est normal dans ces conditions que la v~g~tation de la cuvette de Jalalabad soit de type subd&ertique. --Drosch: climat x~roth~rique thermom~diterran~en (type 3 B). On peut encore consid~rer l'6td comme une saison s6che, malg% les faibles pr6cipitations de la mousson. L'indice d'aridit~ est nettement plus fort que ci-dessus puisqu'il s'~t6ve 17 (sup~rieur ~ celui d'Oran).
1) Pluviomdtrie moyenne --+ soit pour J a l a l a b a d annuelle en mm Temperature moyenne annuelle en °-}-I0 --~ soit pour Drosch
I76 2i + io -- 5 458 I7 + io = I7
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+Classification
d'EMBERGER
Si l'on se rapporte aux conceptions de L. EMBERGER (I930 , 1942 et I955) , les deux villes t6moins appartiennent encore au climat m6diterran6en. Elles pr&entent en effet l'une et l'autre 'Taffaissement estival de la courbe pluviom6trique qui reste la premiere condition du climat m4diterran~en" (BAuDIERE & EMBERGER 1959). Pour chacune on peut 6tablir le co6fficient pluviothermique ~) (EMBERGER I930), qui am~liore l'indice d'aridit6 de E. DE MARTONNE, en faisant intervenir darts son calcul t'amplitude thermique, c'est-5-dire la diff6rence entre la moyenne des maxima du mois le plus chaud (M) et des minima du mois le plus froid (m). Ce coefficient s'dl~ve ~ 37 pour Drosch et ~ I i pour Jalalabad. Connaissartt la moyenrte des minima du mois le plus froid (m) et le coefficient pluviothermique, on peut situer les deux stations dans les 6tages de la rdgion m6diterran6enne d6crits par EMBERC~.R (193o). × Jalalabad (coef. Pluvioth == I I; m = +2,9): Etage mdditerranden aride (dans sa frange la plus aride). × Drosch (coef. Pluvioth. = 37; m = --o,3): Etage m6diterran~en semi-aride. Toutefois, la zone 6tudi6e est situde ~ la lisi~re des climats tropicaux domin6s par le rdgime des moussons et les fortes moyennes de T °, de sorte que les comparaisons avec d'autres secteurs de la r6gion m6diterrandenrte, et en particulier du bassin de la mdditerran6e occidentale, seraient tr~s hasardeuses. Car ce secteur poss~de au sens ddj5 d6fini, un vrai climat de transition, aux confins du climat mdditerranden et du climat indien; il est donc sans dquivalent dans d'autres secteurs de la r6gion m6diterran6enne, aussi bien en Europe qu'en Afrique du Nord ou au Moyen-Oriertt, et tend vers le climat chaud ~ deux saisons humides, qui caract6rise beaucoup de villes du Pakistan Occidental (climat bixdrique de BAGNOULS & GAUSSEN I957)I1 en rdsulte une eertaine difficult~, en ce qui concerne la ddtermination des groupements v6g6taux. Nous les avons rapproeh6 dans la mesure du possible des formations homologues du Pakistan et de l'Inde, telles qu'etles ont 6t6 nomm4es et ddcrites par TROLL (I 939), CHAMPION (I936) et SELOD (1961). E. L e s o l
ROZANOV'S (1945) indique que le sol de l'Afghanistan est pour la plus grande part du type serozyoms ("sol gris" caract~ris6 par l) Coefficient pluviothermique =
Moyenne annuelle des pluies (= P) [-(M + m) 7 X
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sa faible teneur en humus - - I ~i 3 % - - , et un taux dlevfi de carbonates). I1 est probable que de tels types de sols soient fr6quents dans la moyenne vallfie du Kaboul. Au Nuristan, les plus fortes prdcipitations et la richesse de la vdgdtation conduisent ~ un sol plus riche en humus et plus foncd, que ces auteurs rapprochent du type burozyoms subtropical ("sol brun"). Q u a n t ~t la gdologie du Nuristan, elle est encore tr~s mal connue: tout au plus salt-on qu'il s'agit d'un massif cristallin prdcambrien off dominent les gneiss et les micaschistes 1). La cuvette deJalalabad est fortune de sddiments beaucoup plus r~cents; on y trouve dgalement des conglomdrats mJoc~nes, comme dans le bassin de Sarobi. LES FORMATIONS V]~GI~TALES
A. La steppe semi-d~sertique
I) LOCALISATION Ce type de formation s'installe dans les parties les plus basses de la zone examinde. Elle ne ddpasse pas une altitude de 1200 m, dans le cours rnoyen du Kaboul, et de 860 m dans la basse vallde du Kounar (un peu au Nord de Chagha-Sarai). Cette diffdrence d'altitude est une consdquence immddiate de l'augmentation rdguli~re de la pluviomdtrie que l'on constate en remontant le Kounar vers le Nord-Est, o/~ l'influenee de la mousson devient de plus en plus sensible, entrMnant des pluies d'dtd plus abondantes et favorisant ainsi l'apparition d'un recouvrement arbustif puis forestier. Au contraire, en remontant le Kaboul vers l'Ouest, l'influence de la mousson s'attdnue, et les pluies d'4t~ tendent ~ diminuer, alors que les pluies m~diterrandennes d'hiver et de printemps augmentent rapidement. Le elimat beaucoup plus froid et globalement plus humide de la rdgion de Kaboul favorise l'apparition d'une steppe plus founie et floristiquement tr~s difffirente. Ainsi ddlimit~e en altitude, cette steppe semi-ddsertique occupe un vaste territoire s'dtendant d'Ouest en Est sur 19o km environ, entre la sortie des gorges de Tanghi Gharou (i~oo m) et la fronti~re afghano-pakistanaise situ~e ~t 705 m, au pied de la Passe de Khyber. Elle monte au Nord jusqu'au village de Chigal ( = Mawla Ali), 86o m, englobant ainsi tout le tours inffirieur du Kounar. Elle monte sans doute jusqu'~ une altitude un peu supdrieure dans ta vallde de l'Alingar situde plus ~t l'Ouest et moins arrosfie. Le climat est du type hdmidrdmique chaud, ~ tendance mdditer1) Communication personnelle (A. DE LAPPARENT),
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ran6enne, caract6risd par une faible pluviom~trie (moins de 25 ° mm), la raretd des geldes en hiver (minima absotu 5 Jalalabad: o,6 en I958, o,3 en 1959, --2,7 en 196o , --3,1 en 1961 , --4,4 en 1963) enfin la forte chaleur (moyenne des T ° maxima de juin = 4o.4) , la longueur et la sficheresse de l'&6 (moyenne des T ° maxima toujours supdrieure 5 27,6 entre avril et octobre; prdcipitations: 28,6 m m en tout de mai 5 octobre).
2) STRUCTURE Ce type de tbrmation a fit6 dficrit au Pakistan sous le nom de steppe semi-d&ertique (TROLL 1939) et c'est par analogie que nous l'appelons ainsi. I1 s'agit bien, en effet, d'une forme de transition entre lal steppe et le ddsert tant par la faiblesse du recouvrement (rarement plus de 4 ° %, et souvent de l'ordre de io %) que par la basse pluviom6trie annuelle (de IOO 5 25o mm). Elle correspond approximativement 5 la "marge subd&ertique" d6crite par OZENDA (I958) aux confins du Sahara, ~ ta frange sud de la r6gion m~diterran6enne. O n peut ~ i'int6rieur de cet ensemble distinguer deux types de groupements: - - La steppe de Gramin~es vivaces, caractdristique de la partie sup~rieure de cet Stage subtropical (entre 12oo et 800 m environ dans la valKe du Kaboul): il s'agit d'une steppe au recouvrement encore relativement dense pouvant atteindre 5 ° %, bien typique par exemple sur les conglom6rats mioc~nes qui dominent Sarobi. - - L a steppe buissonnante, tr& ouverte, constitufie de sousarbrisseaux perennants ayant au m a x i m u m I m de hauteur. En sous-strate, les esp~ces annuelles ou vivaces sont clairsem~es, et leur cycle vdg&atif tr~s court les fait persister 5 l'6tat dessfichd, durant la plus longue partie de l'annfie. Cette steppe caractdrise les parties les plus basses de l'Afghanistan de l'Est, en particulier la cuvette de Jalalabad (au-dessous de 8oo m).
3)
FLom~
a) CaractAes floristiques La douceur de l'hiver est la caractdristique dcologique dominante de cette rdgion; aussi la flore diff~re-t-elle beaucoup de celle du reste du territoire afghan, nettement plus continental (saul toutefois l'extr~me Sud-Ouest du pays, au Sud de Kandahar, dont le climat ressemble ~kceiui de Jatalabad). Ces conditions permettent la p6n6tration dans ce secteur de
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plusieurs esp~ces paldotropicales (Gramin6es) et de nombreuses esp~ces saharosindiennes, ce qui se manifeste par une nette affinitd floristique de ce territoire avec le Pakistan tout proche. La transition s'effectue approximativement de part et d'autre des gorges de Tanghi-Gharou (Mahi-Par). En amont de ces gorges, c'est-k-dire ~ l'Ouest sur te haut plateau de Kaboul, ta steppe est domin6e par des esp~ces iranotouraniennes avec de nombreux reprdsentants des genres Acantholimon, -
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Acanthophyllon, Alhaghi, Aristida, Artemisia, Arthrophytum, Astragalus, Cousinia, Lactuca, Salsola, Statice, Stipa, Zygophyllum. Elle diff~re peu de la flore steppique des hauts-plateaux iraniens ddcrite par PABOT
(196I). En aval, donc ~ l'Est, apparaissent des dl6ments caract~ristiques de la flore pal6otropicale, notamment des Gramin6es Panicoiddes appartenant aux genres Chrysopogon, Cymbopogon, Erianthus, Heteropogon, Panicum, Saccharum, Tetrapogon, etc. Les modifications de la flore s'accusent au fur et ~t mesure que s'abaisse l'altitude et que l'on approche du Pakistan. Hyoscyamus muticus L. apparait ddj~ dans les gorges de TanghiGharou (Mahi-Par) ~ une altitude de 15oo m environ, de m~me que Periploca aphylla DECNE. Cette esp~ce arbustive et ligneuse est plus frdquente sur la rive gauche du Kaboul, rive Sud mieux exposde, ou elle s'dl~ve ~ une altitude assez inattendue (160o m environ). Aerva javan#a Juss., d'embl6e tr~s abondante, apparalt d~s la sortie des gorges de Mahi-Par, vers 115o m, ainsi que les premiers dldments (sans doute cuhivds) de Nerium odorum SOLAND, dans un climat local d&ermin6 par sa bonne exposition et une protection efficace par des esp~ces arborescentes (Morus alba L., Punica granaturn L., bTcus sp.). A partir de IOOOm (Sarobi), Ricinus communis L. se ddveloppe sous sa tbrme arbustive et p6rennante, et l'on volt apparaltre Calotropis procera (WILLD.) R. Br., Datura inoxia MILL., Nerium odorum SOLAND,spontan6 ou naturalisd, Withania coagulans (STocKs)DUN., Rhazia stricta DECNE. Plus bas, ~t partir de 8oo m, la vdgdtation s'appauvrit dans la cuvette de Jalalabad. Le taux de recouvrement diminue, et les esp~ces suffrutescentes dominent la steppe. On trouve notamment, outre les espbces citdes ci-dessus, Citrullus colocynthis (L.) SCHRAD., Solarium xanthocarpum SCHRAD. & W•NDL., Withania somnifera (L.) DUN. et quelques rares individus de Calligonum sp. Datura inoxia MILL. est fr6quent autour des routes bord6es par Tamarix articulata VAHL.; Rhazia stricta DEC~E., Withania coagulans (STOCKS) DUN., Calotropis procera (WILLD.) R. BR. sont tr~s caractdristiques de cette formation. De-ci de-l~, Zizyphus nummularia WIGHT & ARNOT, arbuste 6pi-
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neux de i ~ 1,5 o m de hauteur vient rompre la monotonie de cette vdgdtation sous-arbustive, dont les autres reprdsentants ne d6passent gu~re I m. I1 reprdsente la seule esp~ce arborescente spontande, dans cette v6gdtation qui a sans doute dt6 tr~s ddgrad6e ~t travers les ~tges, ce qui explique bien le d6ficit des esp~ces ligneuses. La densitd des Zizyphus augmente toutefois ~ proximit6 de la Passe de Khyber. Sur les bancs alluviaux des lits des cours d'eau, Saccharum spontaneum L., belle Gramin6e ornementale aux panicules plumeuses, crolt abondamment.
b) Observationschorologiques Parmi ces esp~ces, beaucoup appartiennent au groupe saharosindien, dont l'aire gdographique s'6tend de l'Afrique de l'Ouest au Pakistan (Sind). C'est te cas de Hyoscyamus muticus L., de Withania somnifera (L.) DUN., de Calotropis procera (WILLD.) R. BR., de Citrutlus cotocynthis (L.) SCHRAD., et, dans une aire qui ne recouvre que l'Extr~me-Est de l'Afrique aride, de Periploca aphylla DECNE. D'autres ont, au sein de cette vaste r6gion floristique, qui marque la transition entre l'empire holarctique et l'empire paldotropical, une aire plus rdduite exclusivement Sud-Ouest asiatique: c'est le cas de Rhazia stricta DECNE. et de Withania coagulans (STOCKS) DUN. D'autres enfin ont une nette appartenance paldotropicale et trouvent ici la limite occidentale de leur aire de rdpartition: c'est le cas de Nerium odorum SOLAND et de Datura inoxia MILL. qui vont jusqu'aux Indes, ou m~me de Aervajavanica Juss. et de Solanum xanthocarpum SCHRAD. & W~NDL. que l'on trouve jusqu'en Indon6sie, voire en Polyndsie. Les dldments iranotouraniens ne sont cependant pas absents de cette rdgion qui se trouve au confluent de trois territoires floristiques. O n trouve ici, comme ~t Kaboul, des peuplements plus ou moins denses de Artemisia cina BERG., Artemisia scoparia WAND. & KIT., Alhaghi sparsifolium (SHAP.) SHAP., Crozophoratinctoria AITCH. Enfin l'dlfment cosmopolite de cette flore est reprdsent6 par des esp~ces telles que Phragmites communis L. abondamment reprdsentde au bord des rivi~res (ainsi d'ailleurs que Arundo donax L.). Portulaca oleracea L. et SoIanum nigrum L. sont prdsents ~ et 1~ dans les terres cultivfies. Par comparaison aux indications bibliographiques, il apparalt que cette flore est en bien des points, comparable ~ celle du Rdgistan, zone tr~s chaude et tr~s aride situ6e au Sud-Ouest du pays, ~t une altitude toujours infdrieure/~ 5oo m (jouxtant le Baloutchistan pakistanais). Elle diff~re peu par ailleurs de celle de la province du Khost (vall6e du Kaitou, affluent du Kouram), autre fraction appartenant k l'Afghanistan des Moussons; mais cette vallde est nettement plus arros6e (jusqu'~t 5oo m m d'eau), surtout durant l'6td, ce
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qui lui vaut une vdgdtation plus dense avec une nette dominance des Andropogondes (Chrysopogon, Cymbopogon, Erianthus, Heteropogon). La steppe de Gramindes tend alors vers la savane, et l'on y trouve de nombreux palmiers spontands (Nannorhops richteana H. WENDL).
c) Ecologie de quetques esp~cestypes Nous rapportons ci-dessous des observations dcologiques effectudes ~ propos de quelques esp~ces; plusieurs d'entre elles ont un intdr~t pharmaceutique, et nous leur avons ddj~ consacrd une &ude antdrieure (PELT, HAYON & YOUNOS 1965). D'autres nous ont t)appd par leur abondance et le caractdre tr~s subit de leur disparition en altitude. La plupart sont des esp~ces dont la prdsence est lide l'homme; elles ne sont donc pas les meilleurs indicateurs dcologiques possibles, pour dtablir les limites de distribution des groupements en fonction du relief. Toutes cependant caractfirisent Ies zones les plus basses, les plus sdches et les plus chaudes du territoire ~tudid, et disparaissent lorsqu'augmentent l'alfitude et la pluviomdtrie. Le Ier chiffre donne l'altitude limite de l'espdce dans la vallde du Kaboul, le second dans celle du Kounar. Ces valeurs sont ndcessairement approximatives, car il est difficile de prdciser l'amplitude de la zone de "balancement", o/1 une esp~ce donnde est ddjS. rare, bien qu'encore prdsente c~ et l~t: Nerium odorum SOLAND - - 12OO m - - 9oo m. En petites troupes, relativement dissdmindes, souvent dans ou aux abords des agglomdrations, au bord des routes, etc. Hyoscyamus muticus L. - - 1500 m - - ? Versants arides et pierreux. Trhs abondant dans les gorges de Tanghi Gharou et de Sarobi, au bord de la route et du torrent. Datura inoxia MILL. - - 9OO rn - - 9OO m. Nettement ruddrale (dans les villages; le long des routes, particulidrement de Jalalabad la frontihre; dans les champs cultivds ou en jach~res). Calotropis procera (WILLD.) R. BR. - - 9OO m - - lO5 ° m. Pr4sence sporadique, mais toujours en fortes troupes. Jamais sur des versants trop raides, rocheux ou rocailleux. Aervajavanica Juss. ~-- 115o m - - 9oo m. Trhs abondante, surtout darts les sites ruddraux, les champs en jach~res, etc. Rhazia stricta DECNE. - - I I5 ° m - - 75 ° m. Crolt SUl des terrains assez peu en pente, rocailleux ou non. Trhs abondante notamment entre Jatalabad et Chigai (15 km au Nord) formant, en aoflt, l'unique esphce verte dans ce site trhs aride. Extrdmement abondante. Alhaghi sparsifolium (SNAP.) SHAP. --860 m. Souvent associde Crozophora tinctoria AITCH. dont les exigences 4cologiques semblent voisines; crolt dans les sites rud6raux (jach6res, bord des routes, champs labourds ou cultivds) mais non sur les substrats trop caitlou-
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teux ou rocheux; disparMt totalement d~s 86o m dans la vall6e du Kounar en raison de l'augmentation de la pluviom6trie, alors qu'elle est tr& fr6quente autour de Kaboul. 4) LEs PLANTES CULTIV~ES OU NATURALISEES Comme dans tout l'Afghanistan, les cultures sont faites par irrigation. Les aires cultiv6es alternent avec la steppe aride et sont localisdes te long des cours d'eau; on cultive surtout le riz (Berendj), la luzerne (Rechka), le bl6 (Gandom), le ma~s (Djawari) et le coton (Ponba). Les champs de coton, dont la culture se d6veloppe rapidement, sont traditionnellement entour& d'une rang6e de Hibiscus cannabinus L. (Sound). Cette Malvac6e ~ fibres textiles remplace ici te ricin, qui entoure souvent, en Iran par exemple, les champs de coton. Quant au bl6, VAVlLOV (I 929) estime que cette zone pourrait 6tre son aire d'origine. Ces basses r6gions produisent ela outre la presque totalit6 de la r6colte de canne ~t sucre (Nai Chakar) du pays. Phoenix dactylifera L. (Khorma), manifestement naturalis6 ici, s'observe par petites plantations, et ne d@asse gu~re une altitude d'environ 6oo m. Le bananier (Musa sapientum L.) (Kela) monte un peu plus haut: on le cultive dans la vall6e du Kounar jusqu'~ Chigha-Sarai (837 m). Les Citrus, beaucoup plus abondants, atteignent l'altitude de lO5O m (Barikot - - Kounar). Ces arbres sont gdn6ralement cultiv& ~k proximitd des villages, dans des jardins, toujours entour6s de hauts murs de torchis: on trouve Citrus aurantiacure Rlsso (Molta), Citrus decumana (Kata), Citrus limonum lemon). A Jalalabad, les jardins et les rues sont orn6s de grands arbres tropicaux, sans doute naturalis& de tongue date, dans cette basse cuvette ~ laquelle VOLK (I953) attribuait un climat "franchement tropical". O n y voit notamment Ficus religiosa L., Ficus bengalensis L., Cedrela toona, Ceiba sp., Datbergia sisso RoxB. (cette esp~ce est fr6quente le long du fleuve Kounar), Schinus molle L., Ricinus communis L. et plusieurs esp~ces d'Eucalyptus. La physionomie de cette v6g&ation rappelle d'ailleurs beaucoup celle des villes pakistanaises et indiennes du Pundjab, et cette ressemblance est encore accus6e par la prdsence d'esp~ces ornementales tetles que Tecoma grandiflora LOISEL., Thevetia neriifolia Juss. ex. STEND.,Eriobotryajaponica LINDL., Pterospermum acerifolium WILLD., Lagerstroemia indica L., Bougainvillea sp., Caesalpinia sp., qui donnent ~ Jalalabad une singuli~re allure "d'oasis indienne", en terre afghane. ~lyrtus communis L. s'dl~ve jusqu'~ Barikot (lO5O m) dans la vallde du Kounar etjusqu'~ Sarobi (I ooo m) dans celle du Kaboul. I1 est difficile de savoir si cette esp~ce, assez r@andue, est ici spontande ou naturalis6e.
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La route qui m~ne ~ la Passe de Khyber est bordde par Tamarix articulata VAHL. La piste du Nuristan, sur la rive droite du Kounar, est souvent bordde d'arbres spontands, tels que Salix babylonica L., Platanus orientalis L., Morus alba L., Eleagnus angustifolia L. Ces arbres bien entendu ne vivent que par irrigation. O n trouve dgalement Cupressus sempervirens L., Pinus halepensis MILL. var. brutia (TEN) HENRY (Syn: P. eldarica MEDWYED~W) et Thuya orientalis L., qui poussent dans les jardins et les agglom6rations.
B. For~t "subtroplcale" sempervlrente s~che
I) LOCALISATION Nous empruntons cette ddnomination & CHAMPION (I936), qui ddcrit au Pakistan des formations ~ caractdristiques 6cologiques et floristiques analogues. Cette for6t recouvre la lisi&re Sud du Nuristan, s'installant ~ partir d'une altitude de 860 m environ, dans les vall6es du Kounar et du Petch. Elle forme une zone de transition dtroite et gdn6ralement tr~s d6grad6e, entre la steppe semi-d6sertique de la cuvette de Jalalabad et la for~t scldrophylle tt Quercusbaloot GRIrF. qui s'installe tt partir de lO5O m. Son apparition est conditionnde par l'augmentation de la pluviom&rie annuelle (plus de 2oo mm), et surtout des pluies d'&6 qui ne sont plus ndgligeables. Elle n'apparait que discr~tement dans la vall6e du Kaboul off l'on passe presque directement de la steppe semi-ddsertique ~t la steppe plus dense des hauts plateaux afghans. Seul une vdgdtation ligneuse ~t recouvrement tr~s ouvert de Pistacia et de Periploca sur les versants montagneux et rocheux qui bordent, i'Est de Sarobi, la cuvette de Jalalabad, semble correspondre, d a m cette vallde, ~t l'6tage forestier du Nuristan. La "for~t subtropicale sempervirente s~che" correspond ici ~ la lisi~re des climats du type m6diterran6en aride et semi-aride, sensu EMBERGER (1930). Aussi le qualificatifde "subtropical" que lui attribue CHAMPION est-il assez real choisi. Mais cette apparente confusion est bien rdv61atrice de la difficult6 de nommer correctement les climats et les groupements v6g6taux des zones de transition. En fait cette vdg&ation n'est pas loin de correspondre au "climat subtropical aride froid" d'EMBERGER (I942 et 1955). Et ~ l'inverse SELOD (I96I) qui la ddcrit au Pakistan, ~ proximitd de la fronti&re afghane, sous un climat tr&s analogue au n6tre, la consid&re " c o m m e ressemblant beaucoup ~ la for6t mdditerran6enne s6che". I1 la signale sur les pentes inf6rieures du Nord-Ouest himalayen,
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ainsi que dans la r6gion de Tchitral 1). On l'observe dgalement dans le Baloutchistan, mais 5 des altitudes plus 61eyries. 2) STRUCTURE
Sous ce climat encore relativement chaud et sec, les espbces buissonnantes sont dominantes. Elles constituent une for~t basse, x~rophytique, tr~s ouverte, compos6e d'arbustes et de buissons k petites feuilles, souvent @ineux. Plus dense, une telle formation dvoquerait un "maquis" m6diterranden. Les esp~ces scl6rophyltes et perennantes dominent. Partout cette for~t est a b o n d a m m e n t ddfrich6e, et prdsente un aspect tr~s d6grad6. Les troupeaux de ch~vres et de moutons contribuent d'ailleurs/i la ddt6riorer. La transition avec la formation pr6c6dente est marqude par l'apparition sur les versants montagneux, de Dodonaea viscosaJACQ., arbrisseau p6relinant (cette esp~ce est cultiv6e le tong des routes/~ Jalalabad). La route du Nuristan entre dans cette formation ~t 17 k m au Nord de Chagha-Sarai (86o m environ). D'ailleurs en allant du Sud vers le Nord, et eli s'dlevant en altitude, deux sous-6tages altitudinaux peuvent atre distingu6s: le premier domin6 par Dodonaea viscosa JACQ. (k partir de 86o m); le second par Ouercus batoot GRIFF. qui affirme sa pr@ond~rance t~ partir de iooo m, et prend un port arborescelit, marquant ainsi la transition avec la formation suivante.
3) FLOR~ Les esp~ces les plus typiques de cette formation arbustive ouverte sont Dodonaea viscosa JACQ., Acacia modesta WALL., Reptonia buxifotia (FALK.) A. De., gyzyphus jujuba MILL. et Otea cuspidata WALL., arbustes pdrennants et plus ou moins scl&ophylles. Parmi les autres esp~ces arbustives ou buissonnantes dispersdes c~t et l/i, on observe: Ficus palmata FORSK., Pistacia kinjuk STOCKS, Punica granatum L., Daphne acuminata Bolss. & HOH., Sageretiatheezans BRONeN., Cotoneasterracemiflora (DEsF.) KOCH, et m~me une esp~ce 1) La rdgion de Tchitral, bien qu'en amont sur le fleuve Kounar, semble possdder une vdg6tation sensiblement diffdrente de celle qui r6gne au Nuristan, altitude dgale. CHAUDHRI (I957) signale en effet que la pluviomdtrie diminue au fur et ~ mesure que l'on progresse vers le Nord, en raison des accidents du relief qui isolent ce district Nord-Ouest pakistanais, aussi bien des pluies mdditerran6ennes d'hiver (Massif du Nuristan ~ l'Ouest) que de la mousson d'dt~ (Massif de t'Hindou Radj au Sud-Est). De sorte que la haute vallde du Kounar prfsente en maints endroits, particuli~rement autour de la ville de Tchitral, des conditions subddsertiques.
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typiquement m6diterran6enne, Vitex agnus-castus L. Periploca aphylta DECN•. se retrouve ~ eet Stage, alors qu'it n'existait plus (semble-t-il) au fond de la cuvette de Jalalabad. Par contre de nombreuses esp~ces de la steppe semi-ddsertique sont encore pr~sentes dans cette formation: on y trouve Calotropis procera (WILLD.)R. BR., Datura inoxia MILL., Nerium odorum SOLAND, ainsi que les Gramindes d'affinit6 pal6otropicale d6j~t signal6es et qui remontent souvent assez haut dans le Nuristan. Mais d'autres esp~ces herbaedes font l e u r apparition: Cannabis sativa L. s'y trouve en abondance ~ l'6tat sauvage. I1 est tr~s comm u n dans cette moyenne vall6e du Kounar, e t dans la vall6e du Bachgal, oh il forme parfois des populations presque pures sur les versants qui bordent la route. Le chanvre se substitue ainsi ~t des herbes telles que Alhaghi sparsi/blium (SHAP.) SHAP. OU Aervajavanica JEss. qui disparaissent entre 850 et 900 m environ. Dans des stations analogues on trouve 6galement des peuplements denses de Artemisia maritima L. Autour des champs cultivds ou sur les terrasses el1 jachSres, Dodonaea viscosa JACQ., abondamment r@andu, est accompagnd de Crozophora tinctoria AIT., Heliotropium sp., Cymbopogon sp., et une curieuse Papilionac6e ~ feuilles simples, Psoralea drupacea BUNGE. Le long des ruisseaux d'irrigation Rumex hastatus DON. est abondant. 4) PLANTES CULTIV~;ES La moyenne vall6e du Kounar, sur les 75 km qui s@arent Chagha-Sarai (837 m) de Barikot (IO5O m), est nettement plus 6troite et encaiss6e que le bassin infdrieur. La route, plus hasardeuse, 6volue parfois au fond de gorges 6troites, le long du fleuve, mais plus souvent sur des versants plus ou moins escarp6s. Lcs cultures sont en terrasses, en raison de la pente et de l'dtroitesse de la vallde; elles alternent avec des zones arides et sauvages. Les aires cultivdes sont group6es autour des villages de ChigaI (Mawla Ali), de Nashagan et de Jalala, tous situ& sur la rive droite, contrairement aux indications relevdes sur certaines cartes. O n cultive surtout le b16, le mais, le riz et le coton. Mais la canne ~t sucre a disparu. Les arbres fruitiers sont Zyzyphus jujuba MILL. (Onab), Eleagnus angustifotia L. (Sinjet), Punica granatum L. (Poste Anar), Morus alba L. (Tout) et les Citrus cultiv6s jusqu'/t Barikot. Par eontre les arbres naturalis& d'affinitd pal6otropicale, signal6s l'6tage pr6c6dent, ont disparu. Le melon (Cucumis melo L.) (Kharbouza) et le melon d'eau (Citru[lus vulgaris SCHRAI).) (Tarbouza) sont encore cultiv6s darts cette vall6e, et marne jusqu'au Nord de Barikot, dans la basse vallde du Bachgal.
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C. F o r ~ t s ~ c h e ~ q u e r c u s b a l o o t Gr~ff.
I) LOCALISATION Cette for~t sclfirophylle dominde par O~ercus baloot GRIEF. recouvre les versants inffirieurs des montagnes du Nuristan: elle s'installe dans les valldes du Pech et du Kounar, ~ une altitude de lO5O m e t s'~l~vejusqu'~ 2o0o m environ. Cependant, d~s 180o m, des Conif~res apparaissent. D'abord m61ang& au Quercus baloot GRIFF. ils deviennent dominants ~ partir de 2ooo--22oo m. Au-dessus de 22oo m, Quercus baloot GRIFF. dispara~t. C'est ~videmment l'augmentation de la pluviomdtrie annuelle qui conditionne l'apparition de la for~t. Selon VOLK (I953) , la limite inf~rieure de O.uercus baloot GRIFF. correspondrait ~ une pluviom~trie annuelle de l'ordre de 25o mm. A partir de 5oo m m de pluie, Cedrus deodora (RoxB.) LOUDON et Pinus Gri2fithii MC. ( = P. excdsa WALL.) apparaissent. L'&age ainsi ddfini (IO5O m--2ooo m) correspond ~ la "zone tempfirde chaude" d~crite par KITAMURA (I960). Le climat est du type m~diterran~en semi-aride, au sens d'EMB~RG~R (I930), et doit correspondre ~t peu prbs aux relevds effectu~s k la station de Drosch (Pakistan). Des gel~es se manifestent de 15 ~ 3 ° jours par an, mais les jours de gel complet sont rares et, en hiver, l'enneigement, au moins dans les r~gions les plus basses, n'est encore qu'@isodique. Cette for6t de Quercus baloot CrRIFF. s'inscrit dans le prolongement de l'immense zone foresti~re himalayenne dont le Nuristan repr& sente la limite occidentale. Elle s'arr~te trfis prdcisdment dans la vall~e du Pandjchir, au Nord-Est de Kaboul, et ~ 2oo km ~ l'Ouest de la vallde du Bachgal; on trouve en effet dans cette vallde la dernitre for~t ouverte de Quercus baloot. Cette for6t sclfirophylle est caractdristique des rfigions basses du Nuristan (valldes de l'Alingar, du Petch, du Kounar-Bachgal) et de l'Afghanistan des Moussons (Khost, Paktia, Sdfid Koh). Elle a fits ddcrite par CHAMPION aux Irides (~ 936) et par TROLL au Pakistan du Nord-Ouest (~939).
2) STRUCTURE I1 s'agit dans tousles cas d'une "for6t steppe" comme la ddfinit TP~OLL (I939). Cette for~t est en effet tr~s ouverte, encore que le recouvrement puisse atteindre des valeurs tr~s diffdrentes selon t'exposition du versant, sa topographie, etc. Mais il n'atteint que rarement ioo %, et alors toujours sur de petites surfaces. Le plus souvent, le recouvrement ne d6passe gu~re 5 ° %. Quercus baloot GRIFF., vicariant himalayen de Quercus ilex L., est de tr~s loin l'arbre dominant. It apparalt ~ la limite inf6rieure de son aire de distribu-
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tion sous forme de buissons rabougris, formant transition avec l'&age pr~e6dent; mais le port arborescent se manifeste d~s IO5O m. Les individus appartenant ~ des esp~ces caducifoli6es sont rares. La strate buissonnante est relativement peu d6velopp6e; son recouvrement est toujours inf6rieur k celui de la strate arborescente. Enfin la strate herbac6e se d6vetoppe darts les stations ~clair6es, au bord des chemins et dans les sites humides off apparaissent des h@atiques, des mousses et des foug~res.
3) FLo~E a. Esp~ces arborescentes Quercus baloot GRIFV. domine la for6t, ce qui conduit de nombreux auteurs ~ consid6rer cette formation comme typiquement mdditerran6enne. De plus la ressemblance morphologique entre le "baloot" et le ch6ne vert (Quercus iIex L.) est 6vidente, et leurs exigences 6cologiques semblent peu diff6rentes; aussi, les deux esp&ces sont souvent confondues et il est dimcile de savoir s'il s'agit vraiment de deux taxons bien s6pards. Olea cuspidata WALL. reste abondant, au moins dans la partie inf6rieure de cet 6tage mdditerran6en semi-aride; mais cet olivier sauvage prend ici, comme Quercus baloot GRirr., un port dress6 et une taille plus 61evde (5 m environ). A c e s esp&ces scldrophylles et sempervirentes s'ajoutent quelques rares esp&ces caducifolides, d'affinit6 m6diterrandenne elles aussi, et dont certaines ont d6j& 6t6 rencorttr6es dans la formation pr6c6dente: Ficus palmata FORSK., Pistacia kinjuk STOCKS, Amygdalus sp., Juglans regia L. sp. fallax Pol~ov, Punica granatum L., Fraxinus xanthoxylo~des (DON) D.C. La vigne (peut-~tre plant6e?) s'enroute, sous forme d'une liane grimpante, autour du tronc des baloot et d6veloppe son appareil v6g6tatif dans leur frondaison; E~BEROE~ (1960) signale d'ailleurs que la vigne atteirtt dans l'Hindou-Kouch, ta limite orientate de son aire de distribution naturelle. Au bord des ruisseaux, les Tamarix dominent sur Ie sol sableux; Salix alba L. et Arundo donax L. sont aussi frequents. Err s'6levant en altitude, les Conif6res himalayens apparaissent peu ~ peu et l'on passe d'abord ~ une zone de transition o/a les chines se malent aux r6sirteux puis, vers 22oo m ~t la forfit de Conif~res. b. Herbes, sous-arbrisseaux et arbrisseaux L'dtude des herbes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux est particuli~rement significative de ta convergence, ~ cet &age, des 616ments iranotouraniens et himalayens, tandis que l'influence pal6otropicale s'attdnue sans toutefois totalement disparaltre.
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De plus, avec l'augmentation de la pluviom6trie, le hombre des esp~ces augmente au fur et ~ mesure que l'on s'61~ve en altitude. L'abondance, au bord des chemins de Artemisia maritima L., Stipa sp., Portulaca oleracea L., Verbascum erianthum B~NTH., Althea sp., Chenopodiumbotrys L. rappelle encore ta flore typique de l'Afghanistan aride. Mais l'infiltration rapide d'dl6ments himalayens eurosib6reins de plus en plus nombreux donne bient6t l'impression d'une flore, pour nous, beaucoup plus famili~re. O n y relive Spirea tomentosa L., Spirea brahuia Bolss.; Indigofera gerardiana WALL. (souvent pr6sent au bord des ruisseaux ou sur des terrains jadis cultiv6s puis abandonn6s); Rosa webbiana t/.OYLI~; Crataegus songarica KocH. Enfin, des Gramindes d'affinit6 pal6otropicale persistent encore cet dtage, notamment Saccharum spontaneum L., et Pennisetumflaccidum GRISEB. 4) PLANTES CULTIVEES
La basse vall~e du Bachgal que nous avons parcourue jusqu'~ Mondagal est plus ~troite et plus encaiss~e que celle du Kounar. Les champs cultiv~s s'~tirent au fond de la vall~e, le long du torrent, mais les cultures peuvent ~galement s'~tendre ~ plus hautes altitudes sur des pentes d~bois~es off elles s'installent alors en terrasses. Les villages eux-m~mes dominent souvent la vall~e ~ 400 m environ audessus du niveau du fleuve (Kamdesh par exemple). O n cultive le bid, Forge, le mais, mais le riz et le coton ont disparu. Par contre le mil (Panicum miliaceum L., Setaria italica (L.) BEAUV.) (Gal) et le sorgho (Andropogon sorghum BROT.) (Arzan) sont tr6s frequents dans ces hautes valI6es. Parmi les L~gumineuses, on cultive Phaseolus vulgaris L. (Loubia), Pisum sativum L. (Nakhod), Vigna sinensis ssp. cylindrica SAVI (m V. catjang WALPER8), Les fruits secs ou sdch~s reprdsentent une des ressources alimentaires de ces r~gions tr~s pauvres, notamment durant l'hiver off l'on consomme couramment les noix (Tcharnass), les graines de Pinus gerardiana WALL. (Djal Ghoza), les jujubes (Onab), les retires blanches (Tout), les fruits d'Eleagnus (Sinjet). Nous n'avons pas vu de mfirier noir, mais des voyageurs nous ont affirms en avoir rencontrd ~ 2500 m environ dans la vall~e de Bachgal. L'abricotier Prunus armeniaca L. (Zardalou) est frequent, et semble croltre ~ l'fitat sauvage: selon VAvILOV (1929)il s'dl&verait en altitude jusqu'~ 2900 m, ce qui recoupe d'autres renseignements que nous avons pu recueillir sur place. Le grenadier monte moins haut, mais nous l'avons encore rencontrd ~ Mondagal (i45o m).
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D. Les f o r m a t i o n s d'altitude
La for~t de Conif~res s'installe apr& le village de Kamdesh-Haut, situd ~ environ 4oo m au-dessus de la rivi~re Bachgal, et nous y avons r6colt6 Cedrus deodora (ROXB.) LOUDON et Picea morinda LINK. Les auteurs sigrtalent 6galement Pinus Griffthii MC. (= P. excetsa WALL.), Pinus gerardiana WALL. et Abies webbiana LINDL. Faute d'avoir pu sdjourner et explorer suffisamment l'&age des Conif~res, il ne nous a pas dt6 possible de nous faire une idde pr6cise sur la r@artition et les limites d'altitude de chacune de ces esp~ces. Les indications ant6rieures diss~min6es dans plusieurs publications concernant les for6ts de Conif~res du Nuristan (HIJMLUM 1956 , KERSTAN 1937, KITAMURA I960 , LINCHEVSKY & PROZOROVSKY I949, NEUBAUER 1951 , VOmT 1933, VOLI~ 1953) OU des rdgions limitrophes du Pakistan (CHAMPION1936 , CHAUDHRI 1957, SELOD 1961 ) concordent d'ailleurs assez mal, et ne permettent pas de d6gager une vue d'ensemble de la question. Eltes varient sans doute en fonction des r6gions examin6es par les auteurs.
Les modifications de la t o r e au fur et ~ mesure que l'on s'dl~ve sont significatives. I1 semblait int~ressant d'analyser ce ph~nom~ne, au moins dans ses grandes lignes; c'est ce que nous nous proposons de faire ~ partir d'une ~tude de la localisation de chaqne esp~ce r~pertori~e par KOlE & RECHINGER (1954--1965). Passd 2ooo m, les ~ldments pal~otropicaux, iranotouraniens et mdditerran~ens disparaissent, tandis que s'affirme le caract~re nettement holarctique de la t o r e himalayenne. Ceci se v~rifie aussi bien pour Ies essences arborescentes (Conifkres himalayens signal& ci-dessus), que pour les esp~ces herbacdes ou suffrutescentes, et apparait nettement lorsqu'on ~tudie l'~volution du hombre d'esp~ces par famille au fur et ~ mesure que l'on s'dl~ve en altitude. I) FAMILLESFAIBLEMENTREPRESENT]~ES
Les familles typiques de la t o r e iranotouranienne ne sont presque plus repr&ent~es dans le haut Nuristan: c'est le cas, par exemple des Zygophyllac6es, des Plombaginae~es, des Tamaricacdes, des Ch6nopodiac6es. I1 en est de m~me des familles ~ affinit& nettement tropicales, telles que les Ascl@iadac6es et les Apocynac~es, qui disparaissent en altitude. D'autres families telles les Borraginacdes sont encore pr&entes, mais certains genres se sont consid6rablement appauvris. Le ph6nom6ne est particuli~rement caract6ristique pour les Compos& dont le Nuristan ne poss6de plus que 75 repr&entants
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(contre 333 pour l'ensemble du pays) 1). Et si l'on examine la r6partition intragdndrique de ces esp6ces, on observe que celle-ci pr6sente une physionomie assez diff~rente de celle que l'on constate dans l'Afghanistan aride: l'immense genre Cousinia ne compte plus ici que 6 repr6sentants, alors qu'on en ddnombre 83 en Afghanistan (dont 51 sont des esp~ces nouvellement d6crites). I1 enest de m~me du genre Artemisia reprdsent~ seulement par trois esp~ces alors qu'il en compte au m i n i m u m une vingtaine dans la flore indigene; du genre Scorzonera (i esp6ce sur I4) , du genre Cirsium (2 esp6ces sur I2). A l'inverse, certains genres semblent ne se trouver qu'au Nuristan, mais chacun avec une ou deux esp~ces seulement. C'est le cas des Conyza, Anaphalis, Carpesium et Tricholepis. Le coefficient g~ndrique des Compos~s (poureentage du hombre d'esp6ces par rapport au nombre de genres) tombe ~ 2,1 alors qu'it d4passe 5 pour l'ensemble du pays; autre signe d'appauvrissement de cette famille dans le haut massif du Nuristan. U n ph4nom~ne analogue s'observe pour les Crucifbres: si l'Afghanistan aride est riche en esp6ces x6rophytes, ~ cycle vdgdtatif court, le haut Nuristan comporte au contraire une vingtaine d'esp6ces sp~cifiques, qui sont absentes du reste du pays. Cette m6me famille, comporte en outre plusieurs esp~ces dont l'aire de r@artition s'~tend des rdgions les plus chaudes de l'Afghanistan jusqu'au Pakistan (Isatis stochsii BOlSS., Isatis harsukhii SCHULZ., Farsetia Jacquemontii HOOKER, Malcomia Koetzii RECH.). Ainsi ies Crucif6res, si largement repr~sent6es dans la flore afghane (I75 esp~ces), peuvent-elles g6ographiquement se diviser en trois groupes, dont chacun correspond ~ un des territoires floristiques confluant dans cette r4gion. Chez les Labides, les genres bien reprfisentds au Nuristan le sont mal dans le reste du pays, et vice et versa. Parmi les premiers, citons les genres classiques de la flore eurosibdrienne: Ajuga, Lamium, Origanum, Teucrium. A l'inverse, les genres plus nettement m6diterran6ens s'appauvrissent. On ne trouve que 7 Nepeta sur 3 I, 2 Eremostachys sur I o, i Salvia sur 13. Le type biologique intervient dgalement dans ce phfinom6ne de s~lection par le milieu: beaucoup de gdophytes typiques des hauts plateaux afghans disparaissent au Nuristan: c'est le cas des Iris (aucune esp~ce rdpertori6e), des Eremurus (I esp6ce sur I6), des Tutipa (I esp~ce sur io), des AItium (7 esp6ces sur 3I). 1) Ces chiffYes rdsultent d ' u n comptage effectu6 sur les rfpertoires de KOIE & R~CmNGER. Ils n ' o n t 4 v i d e m m e n t a u c u n caract6re d4finitif et ne p e u v e n t que fournir u n ordre de grandeur.
FORMATIONS VEGETALES D'AFGHANISTAN
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2) FAMILLESFORTEMENTREPRESENTE,ES Bien que ces familles n'aient pas encore 6td rdpertori6es par K o m & RECHINGER, il nous a paru 6vident, au cours de notre bref sdjour en altitude, que des familles telles que les Renonculac6es et les Rosacfes y 6taient beaucoup mieux repr6sent6es que dans le reste du pays; ce qui est d'ailleurs confirm6 par KITAMURA (I960) : plus de la moitid des Renonculacdes (notamment Delphinium) et des Rosac6es (notamment PotentiUa, Cotoneaster, Geum) effectivement rdcolt6es par l'auteur, l'ont 6td au Nuristan. I1 en est de m~me des familles ~ fort end6misme darts l'Himalaya, telles que les Primulac6es qui y comptent 14 esp6ces sur 23, les Saxifragac6es 9 esp6ces sur i i, les Onagracfes IO esp6ces sur 16 (toutes du genre Epilobium). L'abondance des Pt6ridophytes au Nuristan est caractdristique de l'augmentation de la pluviomdtrie dans ces montagnes: leur reproduction exige en effet un taux d'humiditd relativement dlevd; aussi sont-elIes rares dans les zones arides (~ l'exctusion de quelques micromilieux). Or sur les 31 esp6ces de Ptfridophytes rfpertorifes en Afghanistan, 28 provenaient du Nuristan. CONCLUSION
Le territoire de l'Ai~hanistan examind se situe dans le N.E. du Pays, entre Kaboul et la fronti~re pakistanaise. I1 occupe une surface d'environ 2oooo km ~ et se trouve soumis ~ un climat de transition, recevant tes influences mdditerran6ennes et tropicales. Ce caract~re ressort nettement de la comparaison des courbes pluviomdtriques annuelles. Dans l'ensemble la tendance climatique globale penche cependant vers le climat m6diterran6en, dans sa variante s~che. Dans un pays aussi montagneux que l'Afghanistan, les variations d'altitude entrainent des modifications climatiques, qui se traduisent ~ leur tour dans la distribution caract~ristique de la v6g&ation. O n observe ainsi, en s'dlevant du Sud au Nord, c'est-~-dire de la vallde du fleuve Kaboul, jusqu'aux montagnes du Nuristan, la s6quence suivante: steppe semi-d6sertique, for~t "subtropicale" sempervirente s~che, for6t s~che ~ Quercusbaloot, for~t de Conif~res, enfin vdgdtation alpine. Cette dernifire n'a pas dt6 abordde, et la for~t de Conif~res a seulement entrevue. Une telle s6quence est classique, frdquente en particulier dans les montagnes m6diterrandennes. Mais l'originalitd rdside iei dans la composition floristique du territoire off confluent plusieurs 61dments floristiques: un groupe de Taxons appartient k l'empire holarctique par ses dl6ments himalayens, mediterran6ens et iranotouraniens; les 616ments eurosib6riens lui appartiennent aussi,
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mais beaucoup d'auteurs considhrent ces derniers comme constituant un empire floristique autonome. L'empire pal4otropical est repr6sent4 par des taxons asiatiques, auxquels on peutjoindre les esp6ces africaines du bloc saharosindien. De t'Ouest ~ l'Est, lorsque l'altitude dimunue, on passe ainsi de la flore m4diterran4o-iranotouranienne des hauts plateaux iranoafghans, ~ la flore saharosindiennepal4otropicale de la cuvette de Jalalabad. Vers le Nord, lorsque l'altitude augmente, apparalt une flore eurosib4riennehimalayenne. I1 est sans doute peu de r4gions qui posshdent, sur une surface aussi r4duite, un 4chantillonnage floristicog4ographique anssi diversifi4, aux confins des grands empires floristiques de l'Ancien Monde. SUMMARY
We examined Afghanistan territory lying at the North-East of the country, between Kabul and the Pakistani frontier. It spreads on nearly 2oooo km 2, and has got a transition climate, receiving mediterranean and tropical influences. This character is implied when likening the yearly pluviometric curves. O n the whole, the climate tends to incline towards the dry variety of the mediterranean climate. In a country as mountainous as Afghanistan the altitude variations involve climatic modifications which have influence on the characteristic state of the vegetation. Climbing from the South to the North, that is to say from the Kabul river to the Nuristan mountains, we can observe, the following gradation: half-desertic steppe, subtropical evergreen dry forest," Quercusbaloot" forest, coniferous forest, and at last, alpine vegetation. The latter was not studied and the coniferous trees forest only seen. Such a gradation is common, frequent chiefly in the Mediterranean mountains. But the originality lies here in the floristic constitution of the territory where several floristic elements meet: a group of taxons belongs to the holarctic empire by its Himatayean, Mediterranean and Iranotouranian elements. The Eurosiberian elements belong to it, too, but many authors consider them as forming a autonomous floristic realm. The paleotropical realm is represented by Asiatic taxons to which we can add the African species belonging to the Saharosindian block. From West to East, going down the mountain, we go through the Iranoafghan high tablelands and the Mediterraneo-iranotouranian flora to the Saharosindian-paleotropical flora of the Jalalabad cuvette. Northwards, rising up the mountain, a Eurosiberian Himalayan flora appears. There are, no doubt, few countries that have got, on such a small surface, such a diversified floristic and geographic sampling, at the large floristic empires limits of the Old World.
F O R M A T I O N S VEGETALES D'AFGHANISTAN
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